Quinn Jacobson au centre Iris / by herwannperrin



Avec Glass Memories, Quinn Jacobson nous donne à voir une très très belle exposition ; le photographe nous invite à le suivre sur les traces de son enfance aux Etats-Unis à travers une série conséquente de portraits pour une bonne partie pris en 2005 et tiré selon l'ancien procédé au collodion humaide, une technique  particulière qui se résume à : « Le collodion est un nitrate de cellulose dissous dans un mélange d'alcool et d'éther que l'on étend sur une plaque de verre ou de métal. Quand ce mélange sirupeux commence à se figer, on plonge la plaque dans un bain de nitrate d'argent pour la sensibiliser. Les sels contenus sont ainsi transformés en halogénure d'argent sensible à la lumière. On égoutte alors la plaque, la transfère dans un châssis étanche à la lumière. Ces opérations se font évidemment en chambre noire. On peut alors faire une prise de vue avec la chambre photographique sur cette plaque humide. Celle-ci doit ensuite être immédiatement développée avec de l'acide gallique ou du sulfate de fer II puis fixée au thiosulfate de sodium ou au cyanure de potassium.

Sur plaque de verre, le procédé aboutit à un Ambrotype, sur plaque de métal à un Ferrotype. »

"De ses jeunes années dans l'Utah, à Odgen, au cours des années 1970, Quinn Jacobson a gardé le souvenir des marginaux rencontrés dans sa rue, dans un quartier modeste de la ville. Ces personnes vivant à la lisière de la société l'ont particulièrement impressionné. Des années plus tard, la photographie a permis à Quinn Jacobson d'interroger ses souvenirs et les émotions suscités par ces rencontres. Il est donc retourné à Odgen, sur Madison Avenue et a réalisé les portraits des marginaux d'aujourd'hui, constatant la même pauvreté, le même désarroi, la même solitude. Quinn Jacobson nous montre des visages abîmés, des « tronches » burinées par les accidents de la vie, par les épreuves à répétées. Pour lui, les incidents aléatoires du procédé au collodion, les altérations, les tâches, traduisent de la dureté des ces existences."


Avec pour résultat des hommes, des femmes qui déjà en soi recèle ce je ne sais quoi d'étrange ou de particulier, cette singularité qui leur donne d'ores set déjà cette aura.

Retrouvez cette série de portraits : www.studioq.com/photographs/madisonavenue/index.htm

La technique utilisée du collodion humide qui nécessite de long temps de pose impose au sujet de prendre conscience de sa pose, de son attitude et de la jouer telle quelle afin que le résultat soit à la hauteur. C'est le cas avec ces portraits bien réels, des personnages à eux seuls, que cela soit cet homme de profil avec des boucles d'oreilles, celui qui masqué mime un suicide, ces femmes aux traits qui se creusent, les reflets de ces hommes noirs. Il voulait essayer de capter des souvenirs de sa jeunesse, de marginaux, en tout cas les portraits sont saisissants, presque sorti d'un autre siècle et pourtant très contemporain?


Le tirage effectué sur plaque de verre renforce d'autant cet état et l'effet vieillissant permet d'asseoir ces personnages dans un environnement propre et la beauté est là qui irradie de ses visages, beauté de l'instant figé, des reflets étranges qui émanent de certains, un rendu tout à fait exceptionnel que je vous invite vivement à aller apprécier

Il présente également un autre série sur la question de la mémoire, la sienne bien entendu mais également celle de ces origines, la notre aussi en revisitant certains lieux de l'Allemagne ; toujours en utilisant cette même technique avec un effet tout aussi intéressant.

Plus de détail sur le site du Centre iris

Allez-y, vous serez agréablement surpris par l'exposition qui est en place jusqu'au 24 avril prochain

Centre Iris
238 rue saint martin 75003 Paris
Tel: 01 48 87 06 09