Persepolis de Marjane Satrapi

Après Poulet aux prunes que m'avait prêté mon ami S. et que j'ai encore en ma possession, il faudra que je pense un de ces jours à lui ramené, le pauvre il attend dans ma bibliothèque... et devant l'arrivée de l'adaptation de Persepolis au cinéma (il  a quand même remporté le Prix du jury au 60ème Festival de Cannes 2007), c'est pour mercredi ou demain pour les avant-premières... je me suis dis que le temps était trop long et donc j'ai offert à C. le mono volume ce qui m'a permis également d'en profiter car je le lui ai un peu subtilisé, espérons qu'elle ne m'en veuille pas trop... la soif de lire a été plus forte et je suis bien content car c'est à la hauteur de mes espérances et de ce que l'on m'en avait dit il y a quelques années  mais à l'époque, allez savoir pourquoi je n'avais pas accroché, comme quoi, parfois il est bon de revenir et ré-essayer, question de moment sans doute...

Enfin voilà que je me suis plongé dans l'Iran d'avant le shah (Shah Mohammad Reza Pahlavi ) et d'après le shah, à la suite de quelques éclairages récents sur la guerre entre l'Irak et l'Iran tirés de l'histoire secrète du Mossad de 1951 à nos jours emprunté à S.; voilà que j'entend presque crier Marjane Satrapi (d'ailleurs elle a un blog mais pas accessible pour l'instant, dommage, sûrement trop de monde à l'heure qu'il est...le succès est là, amplement mérité).

L'autobiographie qu'elle nous livre sur son vécu, sur son ressentit avec cette distance, ce recul mais également cette sensibilité à fleur de peau, cette vie européenne pas si engageante, ce difficile exil loin des siens, ces errances, ses coup de blues et ses tentatives pour se trouver, pour se connaître et devenir elle-même sans jamais se renier. Et puis l'amour qu'elle porte à son père, à sa mère et surtout à sa grand-mère chérie. Cette famille, ces amis qui sont morts en héros (son oncle notamment), ont été torturés, sont restés là-bas pendant qu'elle était en Europe.

Cette vie cachée des Iraniens eux-mêmes, où le voile se troque contre une jupe le temps d'une soirée, le temps de retrouver de vrais amis; où le vin coule à flot avant de rejoindre les toilettes de peur d'être sévèrement réprimandé ou plus encore, cette vie où les bakshish et l'argent ont toujours enfin souvent le dessus, cette vision d'une famille éduquée sur son pays, sur une révolution "la Révolution iranienne" qui a aboutit à une république certe mais théocratique islamique et populiste... pas ce qui était visée, prévue à la bêtise du régime et des mollahs et à la mauvaise interprétation et la vision réductrice d'une religion qui pourrait être vu autrement, qui a été autre avant..

C'est un peu de tout ça et encore bien d'autres choses qu'elle livre d'elle même dans ces écrits en noir et blanc, dans cette vie qui se déroule et vient à nous alors si vous n'avez pas encore eu l'occasion de la goûter, faites le avant ou après le film Persépolis car c'est vraiment du talent qu'il y a derrière cette plume et on aimerait en lire plus souvent de ces histoires vraies qui prennent aux tripes et vous interpelle, vous permette d'aller plus loin et de voir nos pays sous un angle rarement envisagée, de l'intérieur, à travers un autre regard, celui de l'exil; regard également sur son monde à elle que l'on aimerait connaître, palper, difficulté d'être femme dans ce pays mais également difficulté de savoir se trouver soi-même, il est important de pouvoir avoir son histoire, de la construire avec ses erreurs, ses chemins de croix et ses bonheurs...

A lire et relire et encore et encore...

Pour plus d'amusement, le site My space de Persépolis avec ses coulisses et le site non officiel de Marjane Satrapi

La monographie, ce sont les 4 volumes en un tout simplement, juste la possibilité de lire l'intégrale des histoires de la belle Marjane...

On notera avec Le Monde que "les BD qu'elle a réalisées sur ce thème n'ont jamais été publiées en Iran"; "Marjane Satrapi dit avoir réalisé « un film humaniste, qui va à l'encontre de tous les clichés sur l'Iran".

Il est évident que j'irai voir le film Persépolis....