Dante l'incontournable d'Ismail Kadaré / by herwannperrin

 
Eh bien je suis assez déçu par ce petit essai d'Ismail Kadaré, pas spécialement convaincant ni convaincu d'ailleurs après sa lecture en un rien de temps, c'est assez court... C'est sur Dante Alighieri le grand, l'Unique; le poète de la Divine Comédie qui chante "la descente de Dante aux Enfers, puis le passage par le Purgatoire et enfin son accession au Paradis, pour terminer par son union à Dieu" et ses rapports, son adoption par l'Albanie lors de l'occupation italienne, sa complicité avec les albanais et sa reconnaissance, les rapports qui se nouent entre le florentin et les albanais sont profond même s'il est difficile d'atteindre le troisième chant, le Paradis... la langue italienne aussi est là qui s'écoute par les albanais sans trop savoir pour quelles raisons; pour la Grèce on est loin de cette manière de faire et la guerre reste la guerre... Il y a aussi les rapports complexes de certains écrivains albanais tels qu'Ernest  Koliqi au passé un peu trouble...
Bon il y a bien un petit passage sur le Sang "la vague de fierté au sujet du sang qui ne saurait être pardonné sur quatre cent générations - ainsi le stipule le Coutumier ancestral - enivre tous les esprits" ce n'est pas grand chose mais cela prend tout son sens lorsqu'on a lu Avril brisé avec les rapports au droit coutumier, au Kanun, à la manière très organisée, très codifiée de reprendre le sang, rapports entre droit et Etat, entre coutume et Hommes qui est un de mes romans favoris aux côtés du Dossier H qui vous permet de partir avec deux chercheurs iralandais à la recherche des derniers rapshodes et le rapport aux contes ou plutôt aux épopées et à leur transmission orale à la suite d'Homère bien sûr, du Général de l'armée morte mis en scène avec Mastroanni il y a belle lurette... avec également Le Palais des rêves et le contrôle par le Pouvoir des rêves de tout un chacun, le pont aux trois arches et ses piliers où se cachent d'étranges choses...dont je dois toujours lire le pendant d'Ivo Andric le pont sur la Drina, puis sur sa ville, Girokaster, il y a Chroniques de Pierre avec ses maisons qui se touchent presque et que l'on imagine aisément tellement les descriptions sont belles; les petites nouvelles chez Stock sont également sympathiques avec par exemple Concours de beauté masculine. Qui a ramené Doruntine est également un de ces romans d'exception, qui est également un peu évoqué dans cet essai lorsqu'il est question du temps accordé aux morts pour revenir chez les vivants quand ils n'ont pas terminé ce qu'il devait accomplir... Je vous conseille également vivement Invitation à l'atelier de l'écrivain qui vous donnent quelques clés de l'oeuvre de kadaré tout autant que l'essai d'Eric Faye intitulé Prométhée porte-feu sur Kadaré
 
Il y a également le Concert sur l'occupation de l'Albanie par la Chine et le très grand essai qu'il faut lire s'intitulant Eschyle où l'éternel perdant que je vais d'ailleurs m'empresser de relire ces prochaisn jours... Bon en gros, Kadaré c'est du grand, du très grand écrivain et ce sont les rapports au pouvoir, à la mythologie, aux coutumes ancestrales albanaises mais également à la langue, cette langue indo-européenne qui pourrait être le substrat de nos langues par sa construction... et d'un pays qui a été sous le joug de l'occupation et qui ne s'en est sorti qu'il y a peu... C'est assurément à découvrir pour ceux qui ne connaissent pas et à relire pour les autres mais ça ils le savent déjà donc voilà...
 
Sur Wikipedia, vous pouvez retrouver la liste des romans et essais d'Ismail Kadaré