Le promeneur du champ de mars / by herwannperrin

Le parti pris par Guédiguian n'est pas de coller à la réalité mais de faire un film, c'est-à-dire une fiction où certains éléments réels croisent des éléments rapportés de sa propre histoire, d'histoire parallèles de la presse… et d'un homme face à la Mort…la vie face à la souffrance d'un Homme rongé de l'intérieur...

Bouquet a le charme des mots et de la langue, il représente bien cette image de Mitterrand en tant que Président qui s'inscrit dans l'histoire, amoureux des lettres (citant à loisir Péguy, Chardonne, …) et pour qui le souvenir et la mémoire est un bien personnel. La désillusion apparaît elle aussi et le sentiment d'une génération de s'être fait corrompre par un homme d'influence qui veut s'inscrire dans une Histoire qu'il a façonnée.

 

Le retour sur la période de Vichy et de l'affaire Bousquet prend une place centrale peut être trop insistante mais qui a le mérite de poser le problème…

C'est également la solitude qui transparaît dans l'absence d'autres personnages que le quartet formé du président, de son biographe, le médecin et le garde du corps, solitude que l'on ressent pour le Président,t mais qui semble se transmettre également à son contact, envahissant et détruisant quelque peu la sphère privée aux alentours… c'est d'ailleurs à la fois intéressant et hors de propos car on entre quelque part dans la vie du biographe par une porte détournée sans que cela apporte beaucoup au film.. quelques clins d'oeils notamment aux écoutes, à sa fille,… rappelle au spectateurs avertis qu'il n'est plus tout seul maintenant qu'il a connu la sphère de l'Etat…Par contre, on reprochera à al mise en scène quelques scènes qui émaillent le film, plans ou scènes dénuées de rapport semblant surgir du néant pour mieux disparaître ensuite…

 

Personnellement, Jalil Lespert ne me semble pas à la hauteur du personnage face à un Michel Bouquet qui nous ressert les traits, l'ironie et le cynisme d'un Mitterrand dans ces grands jours… La désillusion de Mitterrand vis-à-vis de ses rêves imaginés est elle aussi abordée de façon silencieuse si l'on peut dire, et est proclamé haut et fort que la réalité efface les rêves ce qui reste bien dommage, la politique étant circonscrites à un immense jeu du chat contre les souris…le culte de l'indifférence prôné comme seul chemin libératoire …

 

Une interview vidéo de Michel Bouquet sur le film assez amusante. Roland Dumas commente le film….ainsi qu'Arnaud Montebourg…

 

Idem sur Arte, vidéo de Guédiguian sur le film