Juliette ou la clé des songes de Bohuslav Martinu / by herwannperrin

 
Et voilà encore un bel opéra qui vous permet de rêver les yeux ouverts avec des décors à vous enchanter et un chef qui vous emmène dans un autre univers, inspiré des surréalistes, Georges Neveux conte la rencontre d’un homme et de Juliette, la rêve t-il, l’aime t-il, sans nul doute ; exilé dans un monde où la mémoire a disparu, il est le garant d’un certain ordre et puis cet ordre bascule et le bureau des rêves apparaît
 
Des décors comme il ne pleuvait, non pas tant que ça mais d’une beauté et d’une originalité toute particulière, je pense évidemment à cette hôtel accordéon mais également au bureau des rêves, sorte de machine à écrire au visage et milles dossiers et puis cette scénographie du dormeur représentant Juliette, c’est très réussi je dois dire… chapeau bas…
 
Et puis je vous conseille de prendre le journal de l’opéra de paris « Ligne 8 » où la première partie de l’article de Françoise Mathilde Lantieri est remarquable, après par contre on a l’impression que le fil se détend et que l’on se perd mais enfin, cette première partie où elle nous dépeins la substance est remarquable et je reprendrai son ouverture reprise à Breton dans Nadja «  Il se peut que je sois condamné à revenir sur mes pas tout en croyant que j’explore, à essayer de connaître ce que je devrais fort bien reconnaître, à apprendre une faible partie de ce que j’ai oublié ».
Le thème de la femme, repris aux surréalistes insiste sur la faculté de celle-ci de s’inscrire dans cet élan d’éternité qui l’a met au cœur de nous et par elle, c’est la beauté, la jeunesse et la vie qui passe jusqu’à nous,  le rêve, ce moment unique et multiples où parti retrouvés les anges on en croise d’autres et on n’arrive souvent plus à savoir qu’elle est la réalité qui nous entoure, sorte de voyage initiatique ou du moins intérieur où l’écho de l’hôtel du navigateur nous rappelle que nous sommes bien dans ce cycle, cette mémoire perdue que l’on essaye de retrouver par un médiateur, un envoyé… Michel en l’occurrence et tout au long de ce périple, les signes continuent et abondent dans ce sens, c’est la croisée des chemins, la forêt où tout l’inconscience et la nature aspire à être et les étoiles ultimes carrefour où les yeux peuvent nous porter avant de sombrer…
 
Et puis il y a ce moment de basculement où nous devenons acteurs à part entière et pris à témoin, nous sommes ces « Ils rêvent tout le temps ? Alors ce sont des fous ! », c’est de nous qu’il est question, dans notre posture sommes bien là, aux aguets, à scruter les moindres frémissements…
 
C’est aussi quelque part la fin des illusions et le retour à la réalité dur, difficile qui est en jeu et ce combat incessant de tous les jours….
Si vous avez l’occasion, n’hésitez pas…
 
Pour en savoir plus sur la représentation, il vous suffit de lire le résumé de Juliette où la clé des songes sur le site de l’opéra de Paris
 
Des extraits vidéo du spectacle ici
 
A lire aussi, en parallèle, le palais des rêves d’Ismaïl Kadaré, un très beau livre qui s’éloigne du sujet mais sui en vaut la peine, regard sur un ancien monde ou la liberté était chère…