A mon âge je me cache encore pour fumer à la Maison des Métallos (9/10) / by herwannperrin

La pièce A mon âge je me cache encore pour fumer de Rayhana et Fabien Chappuis reprend, c'était la première hier après le succès qu'elle a connue l'année dernière et ce malgré l'agression dont a été victime Rayhana le 12 janvier dernier

L'histoire est simple : un hammam d'Alger à la fin des années noires et neuf femmes qui discutent dans cet endroit où elles peuvent encore être elles-mêmes, être des femmes. A travers leurs dialogues sont évoqués les maux de la société dans laquelle elles évoluent. Principalement axé autour du rapport à l'homme, au mariage, à la liberté et aux errances des religieux sont abordés des réalités qui ne sont, seront jamais assez dénoncé.Cela débute par le caractère archaïque de leur condition, lorsque l'une d'entre elles racontent son mariage à l'âge de 10 ans on ne peut que s'attrister et se révolter contre ce genre de pratique digne d'un autre temps. Les mariages arrangées sont monnaie courante pour ne pas dire la règle générale avec les tragédies qui en découlent. Une autre raconte les violences subies et l'impuissance qu'elle a face à l'Homme, son rejet si elle se séparai de lui, le manque de ressources avec 8 enfants à charge et la résignation dans laquelle elle évolue.ne autre a divorcé, grand bien lui fasse, elle a pu reprendre des études mais le prix à payer est lourd, le rejet de la société, de sa belle famille évidemment, cette belle-mère qui est là, à défendre son fils rejeté, elle est l'ancienne génération, celle qui a fait son temps et qui ne comprend pas ou ne veut pas comprendre ce qu'elle a subit, ce que les femmes vivent.Une femme est heureuse, elle est belle, elle a aimé en silence et de façon platonique celui-ci pendant près de 11 ans avant qu'il ne la demande en mariage, malheureusement elle ne peut avoir d'enfants et depuis peu porte le voile, non pas par envie, plutôt par dépit et pour se protéger contre eux, contre les religieux, les fanatiques. Une jupe un peu trop courte et comme l'indiqua nadia ce sont des étudiants de la faculté de droit qui lui ont vitriolé les jambes. La révolte est là, celle de ces femmes qui n'ont rien d'objets inanimés et qui sont bien vivantes et qui revendiquent une place au sein de cette société d'hommes, cette société d'intolérance qui les rejette.Une jeune masseuse de 29ans et demi attend elle l'Amour, l'Homme, elle voudrait pouvoir s'émanciper de ses parents et appartenir à un Homme, elle rêve, elle n'a pas vraiment conscience de la réalité mais a envie de croire, envie d'une vie bien réglé? Un des femmes est une religieuse, le dialogue enfin plutôt l'affrontement débute avec Nadia, son opposé, une laïque. Le dialogue ne peut pas aboutir, deux mondes qui s'affrontent ; la raison ne peut avoir de prise sur la foi et inversement. Cette vision religieuse est hermétique et ne veut pas voir qu'elle n'est pas réaliste, qu'elle est intolérante, inadaptée aux hommes et aux femmes de ce monde, à la nature elle-même.Et puis il y a Myriam, que son frère cherche pour la tuer elle, et le fils qu'elle attend, la tuer, elle sa propre s?ur car elle a enfanté en dehors du mariage.  Pourra t-elle vivre pour élever cet enfant, faire vivre celui-ci.Une très belle pièce qui parle d'engagement. Des dialogues simples mais qui en disent long sur les maux de la société, de l'archaïsme et des errements liés au fanatisme et plus particulièrement au fanatisme religieux.Une mise en scène assez dépouillée qui rend bien cette ambiance d'hammam et la musique du début vous plonge dans vos pensées et vous invite à ce voyage tandis que la musique de fin prélude à ce qui ne devrait pas arriver.La pièce est en place jusqu'au 29 janvier prochain, n'hésitez pas c'est à la Maison des MétallosMaison des Métallos94 rue jean-pierre Timbaud ? 75011 ParisTel : 01 47 00 25 20M° Couronnes (Ligne 2) ou Parmentier (Ligne 3)