Bled Number One de Rabah Ameur-Zaïmeche / by herwannperrin

 
 
Un peu chiant à vrai dire ce film et à la fois il marque c'est ça tout l'ambiguïté de ces films fictions-réalités-documentaires. Il l'aurait réduit de 40 minutes et tout le monde y aurait gagné surtout en fluidité et en engagement personnel, en implication car ce film essaye de montrer ce qui se passe, ce qui peut se passer là-bas en Algérie dans un petit village, au Bled.
 
Entre rituel d'initiation avec égorgement d'un boeuf, achat d'alcool dans une cache, tout se fait entre hommes, les femmes, elle sont là, présente mais cachées dans les maisons, closes et invisibles elles sont entre elles uniquement, il faut le voir et essayerd e l'imaginer, de le comprendre, c'est diffiicle. La modernité n'est pas partout et la prise de conscience de celle-ci est difficilement imaginable pour tout un chacun; d'ailleurs quelle modernité ?.
Un français de retour, un ancien prisonnier, il va vite comprendre ce qui l'attend ici dans ce véritable Bled au milieu de nulle part; le retour dans son pays "originel" si on peut dire est un moment de décalage, difficuluté à être chez soi quelque part pour ses déracinés; ils sont français et n'appartiennent plus vraiment à l'histoire du Bled sauf en terme de légende ou de projection... Une amie, une soeur se voulant aller vers la modernité, vers le chant rencontre des difficultés manifeste avec son mari et avec sa famille qui ne veut, qui ne peut pas comprendre ce qu'elle a, le pourquoi de ce rejet de l'Homme tout puissant. Elle doit être malade, avoir des troubles psychologiques pour eux car elle ne veut pas rester auprès de son mari, son dieu vivant... Il repartira avec l'enfant et la laissera choir auprès de la route; dureté et violence de la vie là-bas.
 
Le presque lynchage d'un Homme est une scène plus que troublante et forte, elle est au coeur de cette identité que chacun essaye de faire sienne, entre modernité ancienne, modernité radicale et décalage avec l'ailleurs, trouver sa véritable place dans cet imbroglio est difficile.
 
On écoutera avec ravissement Rodolphe Burger, guitariste de l'ampli à la colline qui lance, c'est une scène finale tout à fait exceptionnelle, une ode mélancolique et grésillante de sons sur cette recherche d'identité qui est propre à chacun, telle une complainte de la Terre qui ne comprend plus et essaye portant, le Soleil en aclat d'étoiles scintillant de mille feux, l'ombre d'une Homme cherchant fugacement une autre ombre et se cherchant lui-même.  
 
Voilà alors je ne vous conseillerai pas mais il y a de la matière à essayer de comprendre cette vie de là-bas, de l'ailleurs de ces gens lointains et proches