Man push cart de Ramin Bahrani / by herwannperrin

 
Est-ce que vous avez imaginé Sisyphe heureux ? C'est la question principale s'il y en a une que vous devez vous posez ici. Ahmad, fait partie de ces personnes, de l'ombre qui à New York mais aussi ailleurs vivent sans vie, il pousse, tel son rocher, l'image est un peu facile mais c'est bien ça, sa maison, son travail sur les rues de new York, il tue le temps, pour quoi ? Pour pouvoir subvenir, un jour, proche de préférence, enfin je pense qu'il s'agit plutôt d'un voeux pieux que d'une réalité, aux besoins de son fils qui reste chez sa belle-mère après la mort inexpliquée de sa mère. Ancienne star du rock pakistanais, il n'est plus rien et même s'il a un espoir avec Mohammad, un frère d'exil plus haut dans l'échelle sociale de cette Amérique, il y a des freins, intrinsèques et douloureux qui ne lui permette pas d'avancer, de se construire et il semble tel le héros de Camus, devoir continuer éternellement à porter sa croix sans pouvoir faire autre chose, sans peut être vouloir non plus faire autre chose, sorte de pénitence, de fardeau imposé volontairement... vous l'aurez peut être compris, c'est un peu chiant comme film... mais c'est une réalité de notre monde d'aujourd'hui que ces vies qui passent devant nos yeux pendant que nous sommes au chaud, tranquillement en train de discuter d'autres vies et de films sur ces vies qui semblent ahurissantes et incompatibles avec la notre, finalement, nous avons de la chance car la fiction devient réalité et c'est parfois intéressant de la voir nue se présenter à nous...
 
"Je laisse Sisyphe au bas de la montagne ! On retrouve toujours son fardeau. Mais Sisyphe enseigne la fidélité supérieure qui nie les dieux et soulève les rochers. Lui aussi juge que tout est bien. Cet univers désormais sans maître ne lui paraît ni stérile ni fertile. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul, forme un monde. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux".Le Mythe de Sisyphe, d'Albert Camus, 1942.