André Marfaing à la Galerie Protée / by herwannperrin


Une première rencontre avec André Marfaing à la Galerie Protée. Un travail qui attire l'attention, les aplats du noir, l'opposition-dualité entre le noir et le blanc, tout un monde qui s'offre à vous. Cela peut paraître à première vu bien "noir" mais il se dégage bien autre chose au contact des toiles. Un autre monde qui invite à la découverte où plutôt à l'interrogation, à l'introspection et à cette dualité que finalement on retrouve un petit partout au sein de la société. C'est également dans la lumière, dans la clarté de ses toiles que tout peut exister.



C'est d'ailleurs bien ce qui ressort de l'exposition hommage qui a eu lieu en 2007/2008 aux abattoirs (Musée d'art moderne et contemporain de la ville de Toulouse) où l'on peut lire : "Les autres disent que je peins en noir et blanc. Ne voient-ils autre chose ?" écrit André Marfaing. Quoi ? Sinon ce flux immédiat de lumière immanente et tangible à la fois, d'autant plus fascinant qu'il reste impossible à cerner, ni même à définir ; sans lieu assigné, presque magique, il traverse le champ pictural davantage qu'il ne le construit, tel l'éclat incisif des minéraux dans la pureté d'un ciel de montagne.

Sans doute est-il le résultat d'une énergie continue et maîtrisée qui, par delà le geste et l'écriture des premières toiles, s'apaise enfin dans la plénitude spatiale des derniers tableaux.

"N'avez-vous jamais (?) éprouvé le sentiment que la clarté qui flotte, diffuse, dans la pièce, n'est pas une clarté ordinaire, qu'elle possède une qualité rare, une pesanteur particulière ? N'avez-vous jamais éprouvé cette sorte d'appréhension qui est celle que l'on ressent face à l'éternité, comme si de séjourner dans cet espace faisait perdre la notion du temps, comme si les ans coulaient sans qu'on s'en aperçoive, à croire qu'à l'instant de le quitter, l'on sera devenu soudain un vieillard chenu ? ? (Tanizaki Junichiro, Eloge de l'ombre, 1933)

Telle est aussi la force des oeuvres de Marfaing qui, de la matière à la lumière, conçoit la liberté et le destin de sa peinture sans autre référence qu'elle même et que sa propre évolution.

Suprême éclat d'un regard qui plonge dans ?la soie du silence? (Rilke)"


On peut lire sur le site de la galerie Protée : "Le dualisme de l'ombre et de la lumière  inspire une ?uvre sévère, janséniste à l'extrême dans les dernières années. C'est un parcours sans concession, comme l'était l'homme, toujours en recherche d'authenticité. Il procéda, par scrupule sans doute excessif, à plusieurs autodafés de ses peintures où il lui semblait apercevoir une concession, même la plus légère, à l'expression décorative"

Donc, au delà des apparences, allez vous plonger dans les quelques oeuvres d'André Marfraing

Galerie Protée
38 rue de Seine - 75006 Paris