Sonderkommando : Dans l'enfer des chambres à gaz de Shlomo Venezia / by herwannperrin

Après Si c'est un homme de Primo Levi et l'écriture ou la vie de Jorge Semprun voici avec toute la distance du temps et le regard de l'intérieur d'un homme membre du Sonderlommando, Shlomo Venezia un des rares survivant de cet enfer qui témoigne sur l'enfer des chambres à gaz pour rappeler que l'horreur sans nom, que l'homme est capable des pires choses qui peuvent exister, de la planification par l'Etat nazi de l'élimination des juifs, sur la création de cet enfer et sur un quotidien en enfer. On suit pas à pas Shlomo Venezia dans son exil, de la Grèce à Auschwitz, dans un des 4 camps qui ont vu l'extermination pure et simple des juifs.

Les "Sonderkommandos", sous l'autorité du Kapo des juifs étaient arbitrairement choisis, à la sortie du train les amenant jusque là, pour faire partie d'une équipe restreinte qui était éliminés très régulièrement de manière à ce que personne ne sache ce qui se passait dans les chambres à gaz. Ces équipes d'hommes avaient comme mission de dégager les milliers d'hommes et de femmes gazés avec du Zyklon B dans les chambres :"Les chambres à gaz de Birkenau avaient été construites pour contenir 1 400personnes. En tassant bien, on arrivait à en faire entrer jusqu'à 1 600, voire 1700. Elles mettaient dix à douze minutes à mourir". Dès la sortie des cadavres, c'est la coupe de cheveux pour lui, c'est l'arrachage des dents pour d'autres, ... et puis la mise au four et la disparition de ces corps à jamais. Les cendres sont jetés dans la rivière qui passe non loin, les os restants sont réduits ... deux équipes se relayent sans cesse dans ce travail de mort. Témoignage vibrant d'un survivant qui est resté là-bas du 11 avril 1944 au 26 janvier 1945. Il a maintenant 83 ans et c'est avec une précision extrême qu'il décrit ce qui le hante depuis lors; il raconte seulement ce qu'il a vu, vécu, rien d'autre.

Les lavis de David Olère témoignent eux aussi sur cet enfer quotidien, transposition réaliste et amère, cruelle de cette horreur quotidienne qui étreint au premier regard, on ne veut pas regarder ce qui a été et pourtant.

Et puis dans l'horreur, cette histoire d'un enfant qui dans le magma des corps entassés les uns sur les autres a survécu à la chambre à gaz,  sûrement parce que, bébé il tétait le sein de sa mère, survivant de quelques jours seulement car il sera achevé, dès sa découverte, sans la moindre  hésitation par un officier nazi d'une balle dans la tête.

Il est également question de la perte de sa famille de sa mère, ses cousins il l'est a retrouvé et essaye bon an mal an de rester avec eux, des retrouvailles longtemps après avec sa soeur, larmes d'une attente longue de décennies.

Il croise Otto Moll entré à Birkenau comme responsable des Bunnker 1 et 2 et appelé en mai 1944 e pour être en charge de tous les Crématoires juqu'en septembre 1944: "Après deux heures de ce travail particulièrement pénible, on a entendu le grondement d'une motocyclette approchant. Les anciens ont murmuré avec terreur : "Malahamoves!" C'est là que nous avons fait la macabre connaissance de l'"Ange de la mort". C'est par ce mot en yddish que les détenus qualifiaient le terrible SS Moll".

Dans le Bunker 2, récit d'une fosse à ciel ouvert où brûle des cadavres humains : "D'autres hommes du Sonderkommando, plus expérimentés que nous, étaient chargés de disposer les corps dans les fosses en faisant en sorte que le feu ne s'éteigne pas. si les corps étaient trop serrés, l'air ne pouvait pas passer et le feu risquait de s'éteindre ou de diminuer d'intense. Cela aurait rendu furieux les kapos et les Allemands qui nous surveillaient. les fosses étaient en pente, de sorte qu'en brûlant, les corps dégagaient de la graisse humaine qui coulait tout le long de la fosse jusqu'à un angle, où une sorte de cuve avait été formée pour la recueillir. Quand le feu menaçait de s'éteindre, les hommes devaient prendre un peu de cette graisse dans la cuve, et en jeter sur le feu pour raviver les flammes. Je n'ai vu cela que dans les fosses du Bunker 2".

Dans le Monde du 8 mars 2007, on peut lire : "Complices malgré eux des bourreaux, les Sonderkommandos ont été presque tousassassinés par les Allemands avant la libération des camps, où ils avaient étéles témoins les plus directs du génocide. A destination de ceux qui croient queles Sonderkommandos ont moins souffert que les autres, Simone Veil a ce mot dansla préface du livre de Venezia : "Que vaut un peu plus de pain et de reposquand on a tous les jours les mains dans la mort ?"

Histoire terrifiante du matricule 182 727 et de sa survie à l'horreur, au froid, à la privation, à la perte d'êtres chers, à la peur de mourir chaque jour.

Un livre qui est important de lire pour savoir, pour  les générations à venir, un témoignage d'un survivant.