Villa Amalia de Benoît Jacquot / by herwannperrin


Il ne pouvait pas en être autrement, une adaptation du très beau roman Villa Amalia de Pascal Guignard avec pour réalisateur Benoît Jacquot avec dans le rôle d'Ann Hidden, la très belle Isabelle Huppert et dans celui de Georges Jean-Hugues Anglade.

Un rôle taillé sur mesure pour Huppert et une histoire peu banale qui est très belle même si parfois un peu lente, déjà dans le roman cela se ressentait sans toutefois que cela pose de souci, le texte étant là pour contrebalancer cette tendance. Il ne pouvait pas en être autrement dans un long métrage quand même réduit au minimum (1h31) avec un rendu qui pour la première partie du moins ma semblé très juste tout en finesse et en subtilités, entre effacement et recomposition. 

Ann Hidden décide de changer de vie, de faire table rase d'un (certain) passé pour essayer, je dis bien essayer de vivre à nouveau, ailleurs, autrement, loin de sa musique, loin d'elle-même ou de son ancienne elle, de se retrouver ou de se trouver. Elle abandonne du jour au lendemain sa musique, elle qui est une compositrice hors pair. Thomas son compagnon est fuyant, il est pataud, ne sait se mettre à sa hauteur et se laisse perdre dans cette nouvelle vie qu'elle décide sans lui. 

La rencontre inopinée avec Georges en devient providentielle et lui permet de disparaître corps et bien pour aller trouver cette Villa Amalia (la maison) qui par contre m'a déçue par rapport au roman, à l'ambiance qui s'en dégageait et la vision que je m'en était faite, c'est inéluctable mais quand même elle a perdu de son charme et cette partie du film qui m'avait semblé intéressante, intrigante même est me semble t-il réduite et l'on perd un peu pied ce qui reste dommage.

Enfin, le retour à l'océan, le deuil et les retrouvailles, le père qui réapparaît et qui explique sont point de vue, reviens sur ce qu'il est, ce qu'elle est aussi et puis s'en vont?. 

Dans Le Monde, Jean-Luc Douin indique très justement : "Le film, c'est une de ses qualités, va vite. Il est tranchant, aligne des émotions imprévisibles sans s'épancher, sans expliquer. C'est un film sans psychologie, où Benoît Jacquot saisit des états d'âme, ou plutôt une métamorphose d'états d'âme. Ann Hiden (tel est le nom de l'héroïne) renonce à son profil intime, s'efface jusqu'à tenter de devenir invisible, afin d'accéder à un autre état, de remplacer le repli sur soi par une ouverture à la beauté du monde. "

Un film d'une certaine sensibilité à apprécier à sa juste mesure tout en se laissant porter par ces moments d'envolées, de libération, de changement et de flottements. Mais en tout cas, il reste un impératif, lire le bouquin qui vaut le déplacement ?

Avis aux amateurs en tout cas?