Qui a peur des fantômes, ne sait regarder la nuit par Laurent Camut / by herwannperrin


Etrange ces photographies de Laurent Camut, surtout lorsqu'en même temps je suis dans la lecture de la biographie de Diane Arbus et de son parcours photographique dans des zones d'exploration inconnues...

"A vingt cinq ans, un ami éducateur dans un centre pour personnes handicapées mentales m'ouvre les portes de son atelier pour y faire un reportage. Et là, c'est le coup de foudre : j'ai trouvé plus que des modèles exceptionnels, des personnes d'une très grande générositéet d'une sincérité rare. Après plusieurs séances de prises de vues, je leur ai proposé des initiations photographiques "

Elles étonnent, pour certaines, elles sont belles, enfin c'est difficile de dire cela car elle ne renvoient pas au champ photographique classique. Dans ce sens, elles choquent aussi et l'on peut se trouver en porte à faux devant ces photographies de personnes en décalage avec la société classique. Sur certaines, on entre dans le domaine de l'ailleurs, de l'autre, de la différence et donc de la comparaison entre ces deux mondes qui ne se côtoient pas ou peu.

Un travail difficile avec des personnes d'une grande sensibilité et d'une grande ouverture à la lecture de ce qu'en dit Laurent Camut.

Profondeurs des regards ou des absences de regard aussi, noirceur des globes pupilles, homme aux visages sans yeux, effrayant et beau à la fois. Il y a la série des triptyques qui aiguisent le regard, on est pas loin de la foire, sentiment de pointer du doigt des phénomènes, des êtres à part, qui ne nous ressemblent pas. la différence est là qui fait partie intégrante du monde.

Et puis également ces photos soit difformes et floues où les visages disparaissent et où les corps se meuvent au gré des mouvements et de la lumière; soit avec un cadrage très près , visage en pleine lumière, détails flagrants d'une difformité, d'un visages qui ne semble pas toujours humain.

Par contre je n'aime pas trop les photos un peu surréalistes nimbées de lumières et de couleurs, un peu trop kitsch à mon goût.

Un travail très intéressant à aller voir jusqu'au 16 juin 2007.

Centre Iris
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