Roger Ballen à la BNF / by herwannperrin

  
 
Dans la chambre d'ombres, après la galerie Kamel Mennour, je me suis présenté au site Richelieu, endroit bien agréable et il n'y avait encore personne, de rares instants à savourer égoïstement parfois dans ce Paris surpeuplé de toute part... eh bien les portraits présentés dans la Galerie sont presque tous là, on commence par un retour en arrière et le sinfluences du photographe, influence qui on le voit ont été au coeur de son travail, c détour est bien intéressant, cela mepermet de connaître quelques photographes que je ne connaissais pas ou à approfondir comme toujours : il s'agit de Diane Arbus et des célèbres twins, de Ralph Eugene Meatyard avec notamment ces photos au masque.. ainsi que des gravures de Dubuffet. De plus le parcours proposé est illustré de quelques écrits d'Antonin Arthaud "Je n'ai jamais rien étudié, mais tout vécu et cela m'a appris quelque chose" figure emblématique d'un Monde à part.

«Les asiles d'aliénés sont des receptacles de magie noire, conscients et prémédités. Et ce n'est pas seulement que les médecins favorisent la magie par leur thérapeutique qu'ils raffinent, c'est qu'ils en font. S'il n'y avait pas de médecins, il n'y aurait pas de malades, car c'est par les médecins, et non par les malades, que la société a commencé. Ceux qui vivent, vivent des morts, et il faut aussi que la mort vive... Il n'y a rien comme un asile d'aliénés pour couver doucement la mort, et tenir en couveuse les morts. Cela a commencé 4000 ans avant J.C., cette technique thérapeutique de la mort longue. Et la médecine moderne, complice en cela de la plus sinistre et crapuleuse magie, passe ces morts à l'électrochoc ou à l'insulinothérapie, afin de bien, chaque jour, vider ces haras d'hommes de leur moi, et de les présenter, ainsi vides, ainsi fantastiquement disponibles et vides, aux obscènes sollicitations anatomiques et atomiques de l'état appelé «bardot». Livraison du barda de vivre aux exigences du non-moi. Le Bardot est l'astre de mort par lequel le moi tombe en flasque, et il y a, dans l'électrochoc, un état flasque, par lequel passe tout traumatisé. Ce qui lui donne non plus à cet instant de connaître, mais affreusement et désespérément méconnaître ce qu'il fut quand il était soi. J'y suis passé et ne l'oublierai pas.»

Quelques images/portraits de l'expo sur le site de l'expo

On part d'abord sur ces terres, celles de l'Afrique du Sud où le maître mot peut se résumer en "Consanguinité", les ravages sont impressionnants, en dehors de la mythique photo des jumeaux (Dresie and Casie, twins, 1993) qui bavent...et dont l'allure est digne d'un roman de Lovecraft auquel on serait exposé, c'est dans les visages, les oreilles, les yeux que cela se voit... apocalypse et sentiments se croisent ici...
Ensuite l'exposition continue de nous montrer cette condition humaine à l'abandon, désoeuvrée et perdue. L'âme à nue, ces portraits qui se présentent à nous viennent de nulle part...Interviewé dans Photo de mars 2006, Roger Ballen indique : "Shadow chamber" est une entrée dans un espace indéfini - il peut s'agir d'un asile psychiatrique, ou d'une chambre quelconque. Et c'est la spécificité de l'art, de pouvoir transmettrecette ambiguïté : mais où ça se passe". C'est bien ce sentiment qui en ressort, tous les personnages sont sales, qu'il soit question des enfants ou des adultes, esseulés, rendu à eux mêmes, jouant d'eux mêmes ou avec leur animal fétiche...je pense ici à "cimetière de rats" délimitation d'un espace, d'un territoire/sanctuaire derrière lequel se retranche la solitude et la réalité ultime ou encore à "déjeuner", où l'on se pose la question de savoir si le déjeuner ne sera pas fait d'un dentier tout simplement, étrange composition qui interpelle au delà du poisson rouge...Il y a aussi l'homme rat, que l'on retrouve dans le Photo de mars, symbole de l'abandon de soi, de la dégradation ...


Des portraits qui interrogent vous invite à aller au delà pour essayer d'appréhender d'autres mondes proches, à découvrir tranquillement jusqu'au 21 mai prochain

Un petit bouquin pour en savoir un peu plus à un prix raisonnable....

Un très bon article qui résumé toute l'exposition d'Anne Biroleau intitulé "Dans la chambre d'ombres, ou la photographie selon Roger Ballen"