Estampes et livres illustrés de Zao Wou-Ki à la BNF / by herwannperrin



Voilà une très belle exposition à ne pas manquer à la Bibliothèque Nationale de France (BNF), site François Mitterand. Je ne connaissais que de nom avant d'y aller par les hasards des circonstances. Eh bien, le résultat est au-delà de l'imaginable.

Une petite exposition assez complète à ce qu'il me semble (120 tableaux quand même), mini-rétrospective permettant d'avoir une vision d'ensemble de l'oeuvre de Zao Wou-Ki, un peintre contemporain élu à l'académie des beaux arts 
en 2002 (lien à partir duquel on peut voir quelques tableaux).

Trois périodes se détachent : celle de l'arrivée sur Paris et sa période figurative, dans les années 1948 à 54 avec des influences dePicasso par exemple mais on retrouve aussi des traits de Chagall , des tableaux tout en douceur, en finesse, des personnages, des animaux, des maisons, des situations, c'est ce qui le fera connaîtred'Henri Michaux qui illustrera quelques unes de ses lithographies par ses poèmes. Une période figurative très riche de mon point de vue et lorsque vous voyez l'oeuvre d'ensemble, c'est tout à fait étonnant que cette première période qui n'a strictement plus rien à voir avec ses dernières pièces. Il y a comme dirait F. deux peintres en un...

Également quelques tableaux presque naïf ou à la manière d'ombres chinoises avec également; la couleur est déjà bien présente avec cette palette très vaste et variée où uniforme comme on peut le voir sur les baigneuses par exemple.

J'aime vraiment beaucoup certaines des pièces de cette époque mais malheureusement que cela soit dans le catalogue où dans d'autres livres je n'ai pas pu retrouvé d'exemples significatifs, peut être aurez-vous plus de chance...

Ensuite une période de recherche, allant vers l'abstraction on est entre 1954 et 1962. Cette période ne me plaît gère, trop abstraite à monoût , peut être également trop violente. On est dans un condensé de toiles, de couleurs une sorte de force interne qui demande à s'exprimer mais qui n'y arrive pas encore, les couleurs sont là mais pas encore relâchées... ne s'exprimant pas encore totalement.

Et puis vient la période d'abstraction lyrique dès 1962 suivi du travail à l'encre de chine à partir du début des années 70 et là on entre dans un autre monde, dans différents mondes qui selon vos envies, votre regard vous porteront au loin. Les couleurs des lithographies éclatent de toutes parts se répandant sur les toiles de manière fluides, évidentes. Il y atoujours ce noeud gordien si l'on peut dire mais il se dénoue doucement, laissant place à la montagne, aux transformations humaines, aux villes de demains, à l'élévation; à un lion ou un vieillard attendent nonchalamment d'un côté alors qu'une scène montre un explosion ou encore une nuée d'étoiles dans le firmament si ce n'est pas l'hydre à sept têtes qui se cachent dans la grotte.
Dans ses tableaux, on se perd littéralement et on se retrouve doucement, pour chaque fois replonger dans d'autres mondes. C'est cette capacité à nous faireentr'apercevoir ces mondes qui est étonnante et si belle.

Une petite vidéo intéressante sur la notion de peintre et d'oeuvre, sur l'absence de compromis ou encore sur le regard qu'il a sur ses toiles, cette distance et ce recul nécessaire, cetteautocritique sur son art.

En tout cas, un joli  parcours qui vous permettra en plus de lire quelques poèmes que cela soit d'Henri Michaux (1950, 1981 et 1995), de René Char (1957 et 1974), d'André Malraux (1962), d'Arthur Rimbaud (1966 et 1967), de Philippe Jaccottet (1981), d'Yves Bonnefoy (1993, 1994 et 1996), de François Cheng (1994) ou encore de bien d'autres pour lesquels il a illustré leurs livres de ses lithographies.

Voilà, quelques mots pour vous dire qu'il faut aller voir cette belle exposition tout simplement


Présentation de l'exposition en mode vidéo sur le site de la BNF et explications de textes et en écoute sur le site de RFI

analyse d'un tableau du début...