Strip-tease à la Villette avec NightShade / by herwannperrin




Il n'est plus aujourd'hui question d'aller dans les boites de strip-tease, cela est devenu trop ringard, trop axé pornographie avec tous les sous-entendus que l'on peut mettre derrière, il n'y a plus de vrai, de réel strip-tease, c'est le côté brut, le côté nu qui intéresse, on veut voir des corps. Aussi, l'idée qui sous-tend un peu cette représentation denightshade à la villette c'est de changer ce regard, de donner matière à réflexion et d'organiser un peu plus ce strip-tease. Comment faire, eh bien demander à des professionnels du strip-tease de travailler avec des chorégraphes afin d'en ressortir une autre vision plus érotique, plus sensuelle ou tout simplement voire

Pol Heyvaert, metteur en scène d'indiquer : "En fait, nous nous sommes rendu compte que le strip-tease n'existe plus, du moins en Belgique. Dans les bars, il y a toujours des filles qui dansent nues, mais le véritable strip-tease d'antan est bel et bien révolu. Ce qui compte aujourd'hui, ce n'est plus de se dévêtir, mais de montrer. Les hommes qui de nos jours fréquentent les boîtes de nuit, veulent du nu, le plus rapidemtn possible et de préférences sans salamalecs. Le strip-tease est désormais beaucoup plus ciblé et l'érotisme a cédé la place au porno. Ce phénomène est forcément lié au regard que notre société porte sur le sexe. Et selon moi, ce phénomène trahit non pas que la société est devenue plus libre, mais qu'elle est devenue beaucoup plus dure."

NightShade propose donc 7 scénettes misent en musique par 7 chorégraphes (Eric de Volder, Vera Mantero, Claudia Triozzi, Alain Platel, Caterina Sagna, Johanne Saunier, Wim Vandekeybus) afin d'essayer d 'offrir un regard neuf sur le strip-tease. Le pari est à moitié rempli, l'idée est excellente, la rencontre entre l'Art et le strip-tease parfois sublime parfois indifférente.



La premier strip-tease avec Eric de Volder aux commandes et Barbara Rom dans les limbes, est tout simplement sublime, la musique se lève, la brume envahit la scène et sous cette brume apparaît la belle endormie qui au gré des moments, des mouvements fend l'air et commence son ballet hypnotique, une réussite artistique où j'aurai même encore plus apprécié que cela reste encore plus suggéré et que l'on ne montre pas tout, la puissance de la suggestion est forte, autant s'en servir



Pour le second strip-tease, c'est avec Vera Mantero et Delphine Clairet sur la scène, c'est à la fois du stip-tease bien entendu mais aussi un discours, une voix sur les rapports à la sexualité d'aujourd'hui très différents de ceux des années 30, la libération des corps et des esprits, le diable n'est heureusement et finalement plus avec nous à nous interdire de faire l'amour. Une vision de la femme libérée de ses contraintes de ses carcans ou on essaye de la ranger, elle est femme et l'assume.Delphine Clairet n'est pas dans le moulme de la femme parfaite et c'est cela aussi qui est mis en exergue mais qu'est-ce qu'elle est sympathique et ces sous-vêtements sont étonnamment fins et presque imperceptible au final....



Avec le troisième strip-tease, il y a comme qui dirait un petit bug lancinant, travail sur le corps comme toujours sous musique tibétaine, c'est horriblement horripilant et chiant... à éviter c'est celui deClaudia Trozzi et Cecilia Bengolea



Le quatrième strip-tease est mené de main de maître avec aux commandes un Alain Platel et la sublime Caroline Lemaire, tout en douceur sur la musique de Gainsbourg, le strip-tease de la belle se fait sur fond rose avec un système de panneau coulissant qui laisse voir ce qu'il faut et qui se réduit telle une peau de chagrin, tenue noire, chaussure rouge, le top le plus ultime en la matière, un grand moment de vie et de beauté, on est au-delà du strip-tease et bien dansl'Art, un grand bravo pour ce travail somptueux



Le cinquième strip-tease mis en scène  par Caterina Sagna avec Sky Van Der Hoek interroge. Sur fond de musique stridente et qui ne permet pas d'apprécier outre mesure, c'est une femme-enfant qui est un peu mis dans l'obligation de se dévêtir, de se montrer à nu à nous, un cri de désespoir dans cet univers qui ne doit pas toujours être facile et où les corps sont souvent monnayables, presque consommables. Le visage deSky Van Der Hoek n'est pas visible, elle n'est plus elle mais seulement un corps perdu et à la merci. Un moment important




C'est au sixième strip-tease que l'homme apparaît dans sa nudité extrême, avec Johanne Saunier et Gidi Meesters. J'ai été moins convaincu par ce strip-tease masculin, pas assez original m'a t-il semblé mais je ne suis pas certain d'être représentatif, en tout cas, une grand-mère s'en est allé, allez savoir pourquoi...



Et puis pour terminer, le septième strip-tease, de Wim Vandekeybus avec Sarah Moon Howe, c'est avant tout une histoire où la belgitude est à l'honneur entre vidéo et strip-tease, interaction et chanson, un très bel ensemble où l'on se rend compte que comme diraitparaglider l'emballage fait beaucoup, Sarah Moon Howe se présente en jeans, on ne la voit presque pas, elle revient en pantalon de cuir moulant avec une perruque blonde, c'est la grand chambardement, attention aux apparences elles sont souvent très trompeuses mais c'est aussi cela le charme de la découverte et des tentations

Très réussi cette image de Nighshade du chat sans poil, du chat à la peau nue et au regard inquiétant qui grandit grandit grandit...

Voilà alors intéressant et sympathique, commencement d'une réflexion sur les rapports entre Art et Strip-tease même si à mon goût il n'y avait pas assez de création chorégraphique dans les scènes présentées, pas assez d'innovation.

Pour en découvrir un peu plus, passez faire un tout sur l'espace My space de NightShade