Athens effect, Italie (double visions), Bruce Ddavidson (la nature à paris), Marc fumaroli (le cuir des arbres), la Fondation Neuflize Vie et Charles Matton (Etat des lieux) à la Maison Européenne de / by herwannperrin


La maison européenne de la photographie offre une exposition enfin des expositions somptueuses qui s'étalent jusqu'au 30 septembre 2007, alors prenez le temps de venir découvrir et redécouvrir les talents présentées; pour information, le mercredi c'est gratuit de 17h à 20h, c'est rare alors profitez-en et rendez leur une visite, le travail qu'ils font est franchement admirable.

Expositions fleuve donc avec un espace grec dans les sous-sols où l'ont peu entre-apercevoir Panos Kokkinias à la suite de l'exposition présentée il y a peu à la galerie Xippas puis d'autres photographes inconnus de moi  évidemment comme  Kostas Bassanos, Christina Dimitriadis, Pandelis Lazaridis, Dimitra Lazaridou, Nikos Markou, Despina Meimaroglou, Nikos Navridis, Maria Papadimitriou.
De beaux moments pleins de cette couleur et de cette chaleur du sud mais la solitude pèsent sur ces environnement également. Histoire photographique d'Athènes, une ville en pleine mutation qui est, devient pour eux leur laboratoire; ils sont là au coeur du changement qui se répercute à la fois sur les personnes, sur les enfants, la vie quotidienne....

Marc Fumaroli, le célèbre eh oui il vient ici exposer ces écorces d'arbres, ces cuirs d'arbres observés dans ces errances d'ailleurs lorsqu'il voyage au long cours; mémoire vivante de cette végétation qui contient en elle une partie de notre histoire, de ce temps impalpable et infini, une autre durée du temps ici qui s'expose et à travers les différentes essences différentes vision de la vie végétale : "(...) Silencieuse, sans défense, leur beauté donne sans rien demander en échange, et ils dispensent sans compter, outre leur ombre, leur feuillage, leurs fleurs et leurs fruits, l'admirable élan qui les enracine dans la terre en même temps qu'il les porte vers la lumière et le ciel : un admirable exemple d'attitude d'âme" (...) "Alors je me suis rabattu sur la vue rapprochée, et j'ai découvert que la photographie pouvait du moins fixer ce que l'on ne regarde le plus souvent qu'en passant et distraitement, le cuir des arbres. Sur leur tronc, support de riche et vive matière, se révèle aussi, partie pour le tout, le grand art généreux de la Nature, dans son génie ignoré de buriniste et de peintre coloriste sur bois".

Quelques liens sur Marc Fumaroli à l'Académie française (depuis 1995), au Collège de France, sur Wikipedia ...

Quelques belles textures mais je ne suis pas un grand végétalien de cuirs d'arbres...

Vient ensuite une vision méconnue de Bruce Davidson, celle d'une vision également végétale dans la mesure où en 2006 il a photographié les parcs et jardins publics de Paris pour cette série exclusivement en noir et blanc et en avant-première en quelque sorte.
Dans ces photographies qui pourront pour certains être banales, l'on retrouve une patte, sûrement la sienne mais au-delà de cela, c'est la manière de voir les choses et en l'occurrence les parcs et jardins parisiens qui changent et donne à voir et à penser que le regard que l'on peut avoir fait beaucoup dans la photographie, indépendamment du sujet et du matériel, c'est ce que l'on veut faire et dire par la photographie qui importe, avoir une vision et savoir où l'on veut aller; c'est cette unité et cette manière tout particulière qui est à l'honneur ici et qui rend ces quelques tirages assez sublimes pour certains je dois dire... une belle vision de la déambulation végétale parisienne en tout cas : "En explorant les espaces verts de Paris, j'ai découvert de vieux arbres fripés et une variété incroyable de fleur. Cette flore est une des composantes essentielles de Paris, elle contribue à définir son identité et sa beauté. Je pensais à ce que voient les arbres et ce qu'ils endurent, leur présence m'a fortement inspiré et m'a porté pendant tout le projet".

On continue alors par double visions d'Italie qui regroupe les paires de photographes suivants : "Henri Cartier-Bresson/Mario Giacomelli, Paul Strand/Gianni Berengo Gardin, William Klein/Mario Carrieri, Raymond Depardon/Carla Cerati, Ernst Haas/Luca Campigotto, Herbert List/Mimmo Jodice, Sebastião Salgado/Giorgia Fiorio, Roger Ressmeyer/Antonio Biasiucci, Joel Sternfeld/Gabriele Basilico, Martin Parr/Massimo Vitali."
Vous me direz que de noms célèbres et pourquoi eh bien tout simplement pour confronter la vision de ces photographes entre eux, dans leur travail, dans leur manière de voir et d'appréhender une situation, un sujet de revenir sur des lieux anciennement visité par l'un et composer une nouvelle série différente et proche à la fois par certains aspects, un beau travail de composition à découvrir.

J'ai tout particulièrement apprécié le couple formé de Cartier-Bresson et Giacomelli sur Scanno, un village des Abruzzes, des styles tout à fait différents mais d'une beauté somptueuse, limpidité des regards et de la netteté, des scènes proposées avec l'un, jeux de contrastes et de finesse avec l'autre, des compositions dissemblables de très grands noms de la photographie, un plaisir des yeux. Pour Salgado, j'ai apprécié revoir sa série sur la pêche au thon, la violence est là omniprésente mais belle à la fois dans ces vies de marins...le contraste à 20 ans d'écart entre la vision de Luzzara, bourgade de la plaine du Pô par Paul Strand et Berengo Gardin est étonnante, les portraits de ces hommes entre deux époques, l'évocation d'une vie qui se compose et sa réalisation ultérieure, aboutissement d'une vie, un enfant devient adulte, une mère devient grand-mère,... et puis également la vision de la plage par Massimo Vitali et surtout Martin Parr et son regard laconique et décalé qui m'a rendu un peu de cette joie de voir son travail qui m'avait déçu lors d'une récente exposition à la galerie Kamel Mennour, un parcours intéressant que vous compléterez aisément par vous même...


Et enfin, en quelque sorte le clou du spectacle offert avec Charles Matton et ses oeuvres  photographiques et représentations miniatures de ces oeuvres. Un grand moment d'exception qu'il faut savourer avec toute la justesse qu'il soit.
En exergue de l'exposition on peut lire de Jean Baudrillard le texte suivant : "J'aime chez Charles Matton cette familiarité obsessionnelle qu'il entretient avec les objets, le sentiment de leur évidence, qui est plus qu'un sentiment esthétique, et qui tient de l'exorcisme et de la magie. Faire surgir l'objet, voilà qui est plus important que de le faire signifier".
Tout un programme qui vous parlera dès l'instant où vous pénétrerez dans cette pièce sombres ou photographies et réalisations de maquettes miniatures, réduites se reflètent l'une dans l'autre, jeu de miroir incessant entre un réel fixé sur la pellicule et tiré et un réel fictionnel créé à partir d'une image; du réel à la photographie en passant par la recomposition de ces objets presque vivants, l'effet est diablement surprenant. on peut même se demander à un moment qui est à l'origine de quoi ? "Mettre en doute les apparences, témoigner de ce qui semble afin de le mieux comprendre, illustrent bien le propos artistique de Charles Matton, depuis ses premières peintures, et quel que soit le médium employé (peinture, dessin, sculpture, photo, film, vidéo)".
Charles Matton visite les artistes, leur environnement de travail comme celui de bacon ou des studios ("différents ateliers de sculpteurs, La chambre d'une femme désordre, celle de Paul Bowles à Tanger, ou encore Le grenier de Leopold von Sacher Masoch"), il prend un cliché et le reproduit dans ses moindres détails, la perfection n'est pas loin, le style est inimitable, les proportions et le rendu extraordinaire, travail de minutie et de composition, de teintes et de détails signifiants, avec ce rapport aux choses qui met mal à l'aise, inévitablement, c'est un monde étrange dans lequel vous êtes invités à naviguer, à errer d'oeuvres en oeuvres... Travail de réflexion sur le réel et mise en abîme dans ses compositions où le reflet et la mise en perspective ouvrent de nouveaux mondes...
Par contre j'avais franchement pas du tout apprécié son film Rembrandt... (si c'est bien de lui... j'ai un doute...)

Également les photographies de les acquisitions pour la MEP de la Fondation Neuflize Vie entre 1999 et 2006 avec à la clé des photographies de "Raed Bawayah, Katharina Bosse, Koos Breukel, Martial Cherrier, Antoine D'Agata, Alejandra Figueroa, Alberto Garcia-Alix, Pierre Gonnord, Nanna Hänninen, Loretta Lux, Tomoko Sawada, Trine Søndergaard/Nicolai Howalt, Sadegh Tirafkan, Carla van de Puttelaar, Masao Yamamoto, Kimiko Yoshida"

J'aime tout particulièrement Antoine d'Agata et sa vision flou que j'avais découvert à la galerie VU il y a quelques années avec une adaptation au cinéma d'ici peu puis Martial Cherrier récemment exposé à la MEP ou encore Kimiko Yoshida et ses (auto)portraits ou encore Trine Søndergaard avec ces photographies rappelant étrangement certaines toiles de Klimt et puis bien d'autres encore à découvrir...

Pour en savoir plus, rendez-vous directement sur le site de la maison européenne de la photographie avec quelques compléments d'informations très utiles et des projections de films également pour ceux qui ont un peu plus de temps

Maison Européenne de la Photographie
5/7 rue de Fourcy - 75004 Paris
Tél: 01 44 78 75 00