Fabrica de Nicolas Presl / by herwannperrin



Découvert il y a peu gràce à une critique sur le très bon No color, me voilà embarqué dans l'univers de Nicolas Presl et de Fabrica.

Il n'y a pas de doute, on est en présence d'une grande oeuvre, dénonciation par le dessin et sans le son d'un univers totalitaire qui règne, on comprend vite que l'on est revenu a peu de chose près à ce qui s'est passé avant la seconde guerre mondiale et la traque des musiciens à 6 doigts, symbole de la différence, de l'autre rappelle bien évidemment l'étoile jaune.

Il n'y a pas de bulles dans cette bande dessinée mais un peu comme dans "La où vos nos pères", le dessin se suffit à lui-même rendant par ses traits, ses expressions un fil conducteur qui nous fait rencontrer cet homme solitaire, garant de la machine 171, une hommeseuil au milieu d'autres, une usine d'où sort la mort même, un père et son fils traqué, un homme qui meurt, un enfant qui est sauvé inextremis mais pour combien de temps, la dénonciation fait rage, l'époque n'est pas gaie, malgré tout l'homme de la 171 va braver les interdits, quelques livres sauvés des flammes :Ovide et ses métamorphoses, l'anatomie du corps humain et le Don Quichotte de Cervantes, rares moments de bonheur et de rêverie pour cet enfant dont l'avenir semble se rétrécir chaque jour un peu plus...


Des personnages aux allures étranges et déformés mais qui s'attache qui vous donne envie de vous plonger dans leur univers, un graphisme tout à la fois simple et complexe.

La chape totalitaire se fait plus pressante et malgré les efforts de l'Homme du 171 et le retour de la musique, elle adoucit les moeurs dit-on... l'enfant se détache et déjà ne fait plus partie de ce monde, il rêve d'ailleurs et d'autres choses, de vie, d'air et de liberté.

Une lecture qui vous laisse pantois, le récit est d'une beauté d'une tristesse sans nom, l'expression qu'arrive à faire passer à travers ses dessins Nicolas Presl révèle un grand auteur dont il me faudra connaître les autres oeuvres rapidement

Que l'on ne s'y trompe pas, DU9.org l'avait bien évidemment remarqué : "Nicolas Presl porte son subtil langage non verbal sur celui de la société, celle totalitaire et machinique tout aussi aliénante et mortelle, portant ses conflits à l'échelle planétaire. Les forteresses volantes volent comme les spores venimeux annonçant un printemps d'acier, signent le ciel de leurs fuselagescruciformes , affichent le symbole d'un autre dogmatisme piétinant une fois de plus (refoulé) ce qui est le terreau de toute humanité. Une nature bombardée, concassée qui contient pourtant celle humaine et qui comme ultime image clos peut-être une trilogie, fonctionnant aussi comme une histoire de l'occident." et vous pouvez également lire l'interview de l'auteur