Photoquai, 1ère biennale des images du monde organisée par le Musée du quai Branly / by herwannperrin



Prenez le temps de vous promener tranquillement près du pont de l'Alma et sur la passerelle Debilly, c'est un étonnant spectacle auquel vous pouvez avoir accès de manière, libre, à votre rythme, sans contraintes et cela vous permettra de découvrir de sublimes photographes avec une production non européennes de très très grande qualité.

Des univers divers et variés qui permettent de se faire une idée assez juste de la création contemporaine et du regard actuel de part le monde. Il y a des paysages étonnants avec par exemple cette banquise et cette ville isolée aux confins du monde mais aussi beaucoup de portrait classiques et moins classiques comme ce travail d'un photographe péruvien qui est assez déconcertant.


Allez-y pour vous laissez étonner et découvrir autre chose, d'autres oeuvres loin de votre quotidien et de la vision photographique que vous pouvez avoir en règle générale. Il y a là des artistes qui vous étonneront de part le traitement qu'ils effectuent sur la couleur, sur les paysages, les cadrages, les thèmes abordés. Rien n'est laissé au hasard et la scénographie nous permet de passer de l'un à l'autre avec un petit explicatif qui sied parfaitement à une promenade dans ces nouveaux mondes.

Trois thèmes ont été privilégiés : Métamorphoses, Fictions et Confrontations.

Concernant Métamorphoses, il y a Luo Dan et cette photographie surplombant la ville en irruption si l'on peut dire ou encore ou encore Lucia Guanaes et l'histoire étonnante de "Paranapiacaba ? « lieu d'où l'on voit la mer », dans la langue des Indiens brésiliens ? se trouve à environ 50 km de São Paulo, perché à 800 mètres de hauteur, tout au bord du plateau continental". Endroit qui est en fait de manière continue sous le brouillard avec des photographies et une ambiance hors du commun presque irréel ou encoreTiina Itkonen et son arctique aux couleurs scintillantes

Pour la série Fictions, la photographie du Christ dans l'eau de Marcos López est tout à fait sidérante mais encore vous n'avez rien vu et vous serez ébahie par Javier Silva venu directement du Pérou avec notamment "Une femme a deux piranhas blancs sur ses paupières et nous pouvons voir ses rêves aveugles passer devant nous." mais également les mygales, la tête au cheval... ou alors vous préférerez la vision romantique proposée avec la série Lune privée des photographes russes Leonod Tishkov et Boris Bendikov.

Et pour Confrontations, cela pourrait par exemple commencer avec C Adams en provenance du Canada avec ses Cyborgs Hybrides et son travail sur les populations métisses ou encore avec l'iranienne Mehraneh Atashi que j'avais déjà vu par ailleurs dans Le Monde 2 il y a déjà quelques temps sur son travail dans les "zourkhaneh, gymnases réservés à la gent masculine iranienne, où tradition et légende se mêlent allégrement. Si, il y a peu, aucune femme n'était autorisée à passer le seuil de palestres doublement empreintes de mysticisme et de religiosité".

Le travail réalisé par François Ndolo de la République Démocratique du Congo est également superbe avec la vision presque romantique de la jeunesse dans cette région de l'Afrique si riche et si complexe et pleine de souffrances. Dans le même sens, le travail du russeVita Buyvid avec Dead End donne un portrait des jeunes de la ville de Cheboksary, capitale de la Tchouvachie ou rien ne bouge, rien n'existe, le désert ....

Et puis je terminerai avec l'Afrique du sud et les photographies d'Armin Pflanz, elles ont été prises dans une prison du Cap où la surpopulation règne, les Numbers Gangs règnent dans ces bagnes modernes où "Chaque jour, à partir de 14 heures, les prisonniers sont enfermés jusqu'à trente dans des cellules conçues pour un maximum de six personnes, jusqu'à la réouverture des cellules le lendemain, à 7 heures du matin. Tout n'est que drogue, sexe et violence. Il est presque essentiel de faire partie d'un gang pour survivre et être protégé".

Voilà beaucoup de photographies et de plaisir alors allez-y sans hésiter une seule seconde....

Le seul défaut pourrait-on dire de cette exposition est sa densité exceptionnelle qui ne permet pas toujours de s'approprier chaque photographe tellement la qualité des différents artistes est forte. Il faut je crois se promener et flâner dans cet éventail de possible et prendre le temps de se poser, de poser son regard sur un ou plusieurs des travaux de ces photographes, tranquillement pas spécialement lors de l'exposition mais au retour pour approfondir à son rythme ce parcours initiatique proposé par le Musée du QuaiBranly et sa volonté affichée de " ne pas se laisser enfermer dans un territoire culturel trop restreint. Nous sommes une sorte de forum, un lieu de dialogue et non pas le lieu de "vitrinisation" d'une pensée" comme l'indique Stéphane Martin Président du musée du quai Branly.

Pour approfondir quelques uns des artistes rencontrés, regardez sur le site dédié Photoquai