Le malade imaginaire, Michel Bouqet au Théâtre de la Porte St Martin / by herwannperrin

Eh bien oui, il est de retour à près de 83 ans, le bougre est toujours vivant et on espère encore pour longtemps, de qui s'agit-il ? de Michel Bouqet  bien entendu.

Courrez, volez s'il reste encore quelques places disponibles pour cette pièce merveilleuse qui vous emmènes vers des ailleurs radieux. Elle a commencé le 5, et voilà que le 6 déjà toute la salle était debout pendant près de 10 minutes pour applaudir la troupe au grand complet.

Alors qu'est-ce qu'elle donne cette pièce, ce malade imaginaire de Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière. D'ailleurs ce fut sur cette pièce qu'il mourut il y a maintenant près de 245 ans, qu'on se le dise.... Eh bien, elle est toujours aussi sublime, avec une mise en scène de Georges Welter, c'était également lui qui avait mis en scène l'Avare avec Bouquet. 

Le texte est toujours là, aussi resplendissant qu'alors, il faut tout de même reconnaître le génie de son auteur. Il y a finalement beaucoup de choses qui se jouent dans cette pièce, c'est un peu la médecine d'aujourd'hui qui est raillée et à juste titre et quelle sarabande que nous offre Welter avec ces médecins bouffons, habillés de manière moderne et d'une corpulence démesurée et jouant du clystère. Superbe scène que celle où Monsieur Purgon profère, tel Zeus, les plus grandes menaces sur le sieur Argan qui est trente-sixième dessous... lui qui est atteint de tous les maux mais reste lucide pour bien d'autres choses, tels sa comptabilité, les droits de succession pour fruster ses enfants au profit de sa belle jeune femme. Il a les pieds sur terre le bougre et d'autant plus qu'il est joué par un très grand homme qui lui donne toute son aura. Une aura qui se fait humble et sans trop de mimique, d'une justesse assez irréelle, accompagnée en cela par une splendide toinette (Juliette Carré, sa compagne de vie) qui lui est opposée mais tout en délicatesse et en finesse, elle sait par où le prendre et le fait remarquablement. 

La moquerie de l'académisme est là aussi avec les diaphoirus réunis et cette absence de dialogue qui s'établit pour une éloge ma foi bien amusante lorsque l'on est spectateur. C'est vrai qu'il est difficile de faire rire les honnêtes gens mais encore une fois le texte de Molière magistralement interprêté réussi ce coup de chapeau. 

Tout est là pour nous ravir à souhait, du décor aux acteurs qui resplendissent, peut être certains costumes ne conviednront pas à tous mais qu'importe; pendant près de deux heures vous suivez avec délicatesse et une sens inné de la composition, une pièce qui n'a pas pris une ride, même Bouquet est serein dans ses habits de malade, quelques références dont une à de funes, mais tout en finesse, la scène et les dialogues lors de la scène où il doit feindre la mort, sont à plusieurs lectures et puis il y a cette comédie sur les médecins, une pure merveille que je vous laisse découvrir plus en avant et au plaisir d'en discuter plus finement...

On se dépêche d'aller voir la pièce en réservant une place au Théâtre de la Porte Saint Martin; ce n'est pas tous les jours que l'on a la chance de voir un Molière comme celui-ci...