Désirée Dolron à l'Institut Néerlandais / by herwannperrin

Désirée Dolron , une artiste qu'il vous faut assurément connaître et apprécier à sa juste valeur. Je l'avais découverte il y a de ça quelques temps,  en mars dernier plus exactement lors d'une exposition à la Maison Européenne de la Photographie et voilà que déjà j'étais tombé sous le charme, elle nous revient entière et seule à l'Institut néerlandais, lieu que je ne connaissais d'ailleurs pas, très agréable hotel particulier...

Elle nous revient avec une exposition en trois temps.

Exaltation, retour sur son parcours entre 1991 et 1999 lorsqu'elle a travaillé sur les rites religieux à travers le monde et notamment ces moments de transe dans lesquels tout s'effondre et où l'on passe à un autre stade de conscience, Lunettes rouges n'est pas trop à l'aise avec cette partie, le côté voyeuriste et non initié... je dois dire que de mon côté cela ne me pose pas vraiment de souci. C'est même étonnant de pouvoir rentrer en prise directe avec cet aspect des choses, cette vision d'un monde qui nous est souvent fermée mais qui existe bel et bien. Nous pouvons entre apercevoir par l'intermédiaire d'un medium, d'une fixation du temps et d'une rare proximité de l'auteur des photographies avec des scènes qui sortent de notre champ habituel de vision, de possibles et d'envisageable. J'ai beaucoup aimé également sur la photo qui vient après le titre donné par Désirée Dolron sur son site "Mikado", un sens de l'humour ont ne peut plus suave est ici à noter... Effectivement, il semblerait que le jeu en vaille la chandelle...

On est ici dans le monde documentaire et artistique à la fois, comment ne pas percevoir cet état dans ces photographies dont vous pouvez retrouvez la série sur son site. Le sacré et le profane, je n'ai finalement pas encore acheté le bouquin avec la note de Pierre Assouline, cela viendra peut être d'ici peu... En tout cas, on est au coeur de la vie et de la mort avec ces rites, ces passages vers d'autres mondes connus et inconnus. Le regard évanescent et halluciné de certains, la folie et l'incompréhension se retrouvent ici pour faire face à ces rituels d'ailleurs. Essayer de capter la transcendance vers ... de comprendre un peu plus ou au mieux d'inscrire dans nos mémoires collectives. Des images d'une rare beauté mais aussi d'une rare dureté et violence qu'il vous faut appréhender autrement... sans vouloir absolument savoir... Elle en tirera La série et le livre "Exaltation, Images of Religion and Death".

Ensuite car je fais l'exposition à reculons du temps... elle va toujours en continuant ces photographies sur le sacré se concentrer sur une série intitulée Gaze (entre 1996 et 1998) qui va lui permettre toujours dans cette recherche de la transe, de la retrouver mais ailleurs, de façon différente, des personnes plongées dans l'eau se laisse aller et après un certains laps de temps passe de l'autre côté, s'évanouisse et devienne autre, se laissant aller vers d'autres rives, les visages sont là pour nous rappeler l'importance des perceptions sensorielles et de ce qui peut arriver lorsque nous sommes démunis, livrés à nous même... Etonnant ces visages presque christiques qui en ressortent... la frontière qui existe entre Vie et Mort est celle d'un fil, ce qui me fait penser à ce très bel album de Thorgal "Au-delà des Ombres" et de Shania dont la vie est au bout du fil, littérallement...

Enfin la série intitulée Xteriors est d'un tout autre style plus en rapport avec les peintres flamands, avec cette beauté immanente qui perce au travers de ces visages, de ces attitudes, de ces intérieurs mais aussi de ces jeux de couleurs qui vous font dire qu'il s'agit déjà d'une grande dame de la photograhie. Le grain et la lumière, la pureté de ces visages, de ces éléments et cet arbre surnaturel qui sort directement d'une légende vivante ou d'un roman de Lovecraft, c'est un imaginaire et il y a aussi parfois un peu de Dune dans ces images d'une beauté limpide.

A travers ces photos, on comprend aisément cette phrase : "Desirée Dolron est à la quête d'une esthétique de l'absolu alliant perfection, mystère et violence. Elle considère que l'impression de ses oeuvres en est l'aboutissement que se soit pour ses livres ou ses expositions".

Allez hop on se prend la main tranquillement et on se dirige de l'autre côté de la seine, près de l'assemblée nationale, c'est encore possible de voir l'exposition c'est jusqu'au 20 décembre prochain et ce serait dommage de rater un de ces moments rare.


Une belle correspondance entre Rembrandt et Désirée Dolron sur le site de lucileee

Institut Néerlandais
107 rue de Lille
75007 Paris