Gregory Crewdson, An eclipse of moths à la Galerie Templon by Herwann Perrin

Avis à la population…. en ces temps de confinement avérés même si cela n’est évidemment pas la même chose, j’aimerai saluer la mise en place de la nouvelle exposition de Gregory Crewdson à la Galerie Templon.

Pourquoi ?

Tout simplement car avant de dire quelques mots sur son travail c’est la mise en place d’une Viewing Room qui permet une déambulation numérique assez simple, pas encore parfaite mais qui s’en approche, pour découvrir les nouvelles oeuvres de l’artiste photographe.

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En complément, la vidéo associée permet d’avoir une interview de l’artiste mais surtout un zoom diablement intéressant sur les photographies présentées qui permet de rentrer plus avant encore dans ces oeuvres aux multiples dimensions.

Chaque photographie est on le sait avec Grégory Crewdson travaillée à l’extrême, scénarisée, mis en place selon une logique propre, un cadrage cinématographique avec tout ce qui va avec avec comme résultat à la fois un monde qui n’existe pas mais qui s’en approche, qui le touche de par la magie qui s’opère. Des situations improbables, telles que figées dans le temps où l’on retrouve souvent des personnages perdus, en quête de mouvements, de sens ou peut être lui donnons nous ce sens caché avec quelques leitmotiv comme la lumière, les lampadaires et biens d’autres encore comme il le dit dans son interview.

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En tout allez y et plongez dans cette ville qui existe mais qui n’existe pas telle qu’elle, dans ces images d’un instant

L’entrée de la viewing room : http://viewingroom.templon.com

L’ensemble des oeuvres c’est ici : http://viewingroom.templon.com/en/gregory-crewdson-1/1/artworks/

et puis la petite vidéo à ne pas manquer


L'Age d'or de Cyril Pedrosa tome 1 et 2 by Herwann Perrin

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Relisons tout d’abord ces quelques lignes écrites sur l’Age d’Or:

“L’Âge d’Or et le Paradis représentent deux figures d’un bonheur originel perdu. Dans la tradition gréco-latine, l’Âge d’Or est un état primordial où les hommes vivent sans souffrir ni vieillir, où la nature généreuse les dispense du travail, où règnent la paix et la justice : la race d’Or vit encore dans la proximité des dieux.

Cette même proximité est celle d’Adam et Ève au jardin d’Eden. Lieu de délices et de perfection, le Paradis comporte en son centre un source d’eau vive qui se divise en quatre fleuves qui vont irriguer le monde, et deux arbres, "l’arbre de vie par lequel l’homme pouvait devenir immortel, l’arbre du Bien et du Mal, par lequel il pouvait devenir mortel." Pour l’essentiel de la tradition chrétienne, le Paradis est sur la terre, à l’orient ou à l’occident, mais son accès est désormais interdit aux hommes.

Pour beaucoup d’utopistes, en particulier au XIXe siècle, il faut inverser le sens du temps, en plaçant l’Âge d’Or, non plus au commencement, mais à la fin, comme le terme de l’histoire et du progrès. En fait, dans le mythe  hesiodique de l’Âge d’Or, le temps est cyclique ; et dans la tradition judéo-chrétienne, la venue du Messie est une promesse de restauration.

Et puis l’interprétation chez quelques auteurs de renom….

Hésiode
D’or fut la première race d’hommes périssables que créèrent les Immortels, habitants de l’Olympe. C’était aux temps de Cronos, quand il régnait encore au ciel. Ils vivaient comme des dieux, le cœur libre de soucis, à l’écart et à l’abri des peines et des misères : la vieillesse misérable sur eux ne pesait pas ; mais, bras et jarrets toujours jeunes, ils s’égayaient dans les festins, loin de tous les maux. Ils mouraient comme en s’abandonnant au sommeil. Tous les biens étaient à eux : le sol fécond produisait de lui-même une abondante et généreuse récolte, et eux, dans la joie et la paix, vivaient de leurs champs, au milieu de biens sans nombre. Depuis que le sol a recouvert ceux de cette race, ils sont, par le vouloir de Zeus tout-puissant, les bons génies de la terre, gardiens des mortels, dispensateurs de la richesse.
Les Travaux et les Jours, VIIIe s. av. J.-C.

Genèse, II, 8-10
Yahvé Dieu planta un jardin en Éden, à l’orient, et il y mit l’homme qu’il avait modelé. Yahvé Dieu fit pousser du sol toute espèce d’arbres séduisants à voir et bons à manger, et l’arbre de Vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal. Un fleuve sortait d’Éden pour arroser le jardin et de là il se divisait pour former quatre bras.

Lactance
Quant au paradis, il le fit entourer d’un mur de feu, afin que l’homme ne pût y accéder, jusqu’au jour où il tiendrait un jugement suprême sur la terre et où, une fois la mort détruite, il appellerait en ce même lieu les hommes justes qui lui auraient rendu un culte.
Institutions divines, IVe s.

On ne manquera pas de relire si le coeur nous en dit UTOPIA de Thomas More et à ne pas confondre avec la série UTOPIA sur Prime video …. voir la cité du Soleil de Campanella ou encore


Voilà on peut y aller et ce plonger dans ces deux beaux ouvrages de Cyril Pedrosa (on aura évidemment lu auparavant dans un tout autre registre Portugal vieille découverte puis Equinoxes)

L’histoire est celle de la princesse Tilda, de sa reconquête du pouvoir dans l’univers moyenâgeux bien connu des révoltes paysannes, la guerre, le siège, les utopies et puis le temps qui passe et le temps de la guerre qui change, transforme tout un chacun rarement dans le bon sens d’ailleurs… L’histoire d’un livre aussi, de la force intrinsèque de l’écrit et de ce qu’il peut véhiculer, de cette aspiration à la transformation, au changement derrière la révolte c’est aussi la question de la corruption absolu du pouvoir qui n’épargne personne, mais aussi celle de la pureté et de l’innocence qui seule peut sauver le monde ou presque… Bon il y a plus de 400 pages donc il vaut mieux que vous vous fassiez votre idée sur ce beau conte utopique, socialiste…

Bien entendu, vous remarquerez tout de suite les couleurs encore et toujours chez lui, cette force qui illumine tout simplement ces oeuvres, cette flamboyante, cette force, ce foisonnement graphique qui vous attire, vous absorbe littéralement.

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On notera que le récit du tome 1 et du tome 2 ne reprenne pas de façon linéaire comme l’indique Cyril Pedrosa lui-même : “Entre les deux volumes, la guerre s’est préparée. On voulait faire un bond dans le temps important pour pouvoir, par contraste, montrer comment Tilda s’était transformée en quelques années. Elle est devenue une guerrière toute-puissante enivrée de son pouvoir. Nous voulions voir comment cela résonne avec les mouvements qui se jouent dans son peuple. Elle est dévorée par le mal du pouvoir”.

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Et vous pouvez bien entendu découvrir ou commander cette belle bande dessinée au TOME 47 à Vitry sur seine et sinon rendez vous sur La plus grande librairie du Monde : https://www.parislibrairies.fr

Peau de Milles Bêtes de Stéphane Fert by Herwann Perrin

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On commence par Peaux de mille bêtes de Stéphane Fert qui après après avoir revisité la légende arthurienne (pas encore lu) vient revisiter le célèbre conte de Perrault Peau d’âne et de Peau de Mille Bêtes de Grimm avec une majesté tout à fait remarquable. Conte gothique aux allures mélodramatique et drolatique également du fait de la déclinaison opus moderne que celle d’alors. On est étonné par cette princess Ronce, forte femme et de cette sorcière fée qui ma foi est attachante tout autant que le petit poète botaniste qui s’éprend de la belle tandis que le roi Lucane est d’un noir possessif et incestueux

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Plongez vous avec délice dans cet univers ou les couleurs s’éparpillent au milieu du noir, éclatent de toutes parts, un très bel opus

Vous pouvez approfondir le sens caché de ces deux contes en lisant le très intéressant article de Frédéric Caumont intitulé “Peau d'âme. Enjeux psychiques de la séparation père-fille d'après le conte de Peau d'âne

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Virus d'Antoine d'Agata by Herwann Perrin

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Voilà qu’Antoine d’Agata bien connu du milieu photographique exposait les photographies qu’il avait emmagasiné pendant la première période du confinement, plus précisément entre le 11 mars et le 11 mai 2020

L’exposition de 1.000 photographies sur les 13.000 réalisées par l’artiste avec une caméra thermique proposait une vision de la capitale confinée, à l’épreuve de l’épidémie de Covid-19

Dans cette série fantomatique, les rues s’abandonnent, se vident seuls certains humains survivent au beau milieu de cet espace urbain abandonné, vite ré-approprié par les animaux que la présence de l’homme écarte.

Seuls les gestes répétitifs des soignants restent, presque mécanique de l’impossible lutte pour la survie des autres, des humains, de nous. Une série assez saisissante dans une période compliquée pour tous

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La caméra thermique enregistre les seuls rayonnements infrarouges émis par les corps avec leurs variations de température. Un théâtre étrange qui s’affiche devant nos yeux ébahis et malheureusement, l’exposition a été annulé récemment car comme tout le monde sans doute l’épidémie n’est pas encore repartie, elle est là qui circule autour de nous et tue de manière aléatoire

Quelques éléments supplémentaires avant de vous donner un aperçu

“Une occasion de témoigner de ce moment où la création ne pouvait plus s’exprimer dans des théâtres fermés, mais par des formes inattendues. Bien loin de l’art lyrique, La vie nue témoigne de ce temps suspendu, de ces hôpitaux débordés et de ces villes désolées. »

La vie nue nous entraîne dans un voyage halluciné, depuis le décor incandescent de la ville confinée, où les rares rescapés errent sans raison, jusque dans l’hôpital, où les gestuelles des soignants et patients porteurs du virus deviennent rituels de vie et de mort. Antoine d’Agata transforme ces espaces opaques en un théâtre d’ombres vidé de tout semblant de réalité et oblitère la surface même des choses, l’épiderme des êtres et du monde, pour en révéler la dimension tragique.




Carme Albaiges à la Galerie GNG by Herwann Perrin

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Une belle découverte que la peinture de Carme Albaiges et une envie de repartager quelques découvertes avec vous.

La photographe, peintre et sculpteuse est représentée par la Galerie GNG qui nous permet régulièrement de découvrir de nouveaux talents.

Il n’y a qu’à regarder les portraits peints pour comprendre que c’est bien le cas avec Carme Albaiges

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Dans les extraits du site de la Galerie GNG sur l’artiste et son travail qui résume ma foi assez bien ce qui peut être ressenti à la vue de ces toiles

“Je cherche à refléter les ressentis, les passions, les inquiétudes, le doute, le manque de congruence… Mes toiles veulent exprimer l’incompréhension devant un univers étrange, gigantesque, dans lequel l’individu est immergé et qui ne lui est pas toujours compréhensible. Pour moi, le monde est absurde, j'essaie de donner forme à cette sensation dans mon travail.”

(…)

Dans ce dossier qui explore la question de la relation à l’autre, ses toiles aux couleurs vives, tranchantes, montrent des personnages sans visage, au regard brouillé, dans des situations ou interactions très quotidiennes. Leurs attitudes révèlent leurs sentiments, leur inconfort, leur quête, leur activité aussi:

« Je veux traduire l’essence de l’expression, qu’elle passe par le corps, le regard ou le mouvement. »

Ces personnages expriment la tension dramatique de la vie mais aussi son côté burlesque, empli d’agitation fébrile. Comment rencontrer l’autre dans un univers codifié, dont chacun est comme prisonnier ?