Les sous-sols du Révolu (extraits du journal d'un expert) de Marc Antoine Mathieu / by herwannperrin

Partez à la découverte du Louvre et de ses sous-sols infinis, découvrez les Experts et leurs rites de passages qui se sont succédés pour aller au delà, au devant de l'Art. Essayez de trouver une limite, un point de départ ; on se rend vite compte que l'Art et l'Homme ne sont qu'un et que nous sommes liés à lui comme lui est lié à Nous.

Le jeu des anagrammes vous permet de suivre l'histoire du Musée oublié tel un conte borgésien dans ces dédales les plus infimes, apprendre un des secrets les mieux gardés de tous temps, celui de la Joconde et de Léonard de Vinci, ce n'est pas rien, et puis cette mise en abime du tableau Voleur de musée, extraordinaire. On s'y laisserait tomber d'un trait... Il y a aussi quelques pointes de Schuitens et Peeters et de la frontière invisible.

Autant d'univers qui au final se recoupent et s'entrelacent pour nous conter l'histoire pyramidale du Louvre, on comprend mieux pourquoi Mitterand  choisi Leoh Ming Pei pour inscrire dans la continuité du XXème siècle ce musée-palais qui a vu le jour dès 1180. Une épopée dessinée qui vous permet de descendre dans les arcanes et les secrets enfouis de la bête dormante, avec ce noir et blanc si attachant et ses infimes variations qui permettent de voir même dans la pénombre des salles les plus reculées. Après le dessin et la série des Julius Corentin Acquefacques, c'est toujours aussi plaisant de suivre Marc Antoine Mathieu dans son univers.

Pour les abonnés du journal Le Monde, un article de Grégoire Allix du 2 septembre 2006 permet de se faire une idée plus que précises des enjeux de la rénovation du Louvre. En voici un extrait : " en tête. Pierre Sur TF1, le 28 avril 1985, François Mitterrand sermonne les récalcitrants : « On n'a pas posé une pyramide pour le plaisir de poser une pyramide. Ce côté sacro-saint qui ferait qu'on ne pourrait insérer aucun élément d'art nouveau, moderne, me paraît absolument ridicule. » Quelques jours plus tard, une maquette grandeur nature vient à bout des dernières résistances. Elle a été demandée par le maire de Paris, Jacques Chirac, dont l'adjointe à la culture, Françoise de Panafieu, honnit le projet Pei. Du 1er au 5 mai, quatre câbles tendus par une grue simulent le volume de la pyramide. Badauds, journalistes et élus affluent. Beaucoup sont convaincus, Jacques ChiracMazars, du Figaro, fait amende honorable. Michel Guy l'imitera bientôt.

Le 4 mars 1988, à quelques semaines de la fin de son premier septennat, François Mitterrand inaugure sa pyramide, prouesse technologique érigée en un temps record. Elle est le premier symbole d'un Grand Louvre en gestation, chantier pharaonique de plus de 2 milliards de francs, marqué par des fouilles archéologiques homériques et une guerre des tranchées avec le ministère des finances, qui rechigne à quitter l'aile Richelieu.

Dix-huit ans après, victime de son succès, la pyramide est saturée. Cet été, I. M. Pei, à 89 ans, se penche à nouveau sur les plans du Louvre pour proposer des améliorations. Mais, pour lui, l'essentiel est fait. « Ce que beaucoup de gens n'ont pas compris, c'est que la pyramide n'avait pas grande importance, confie-t-il. Le plus important, c'est d'avoir unifié le musée. Auparavant, il y avait sept départements, des conservateurs qui se battaient. Mon travail a permis de créer un grand musée, le plus beau du monde. J'en suis très fier. »