Peur(s) du noir de Blutch, Charles Burns, Marie Caillou, Pierre di Sciullo, Richard McGuire, Lorenzo Mattoti / by herwannperrin



Voilà un exercice de style intéressant et d'ailleurs pas seulement un exercice, une belle réussite même si les courts métrages sont inégaux. Notez que c'est un peu normal lorsque l'on a la vision de plusieurs auteurs sur un même sujet, chacun se projetant dans ce qui lui semble le plus proche de ses attentes.

De mon côté, mes favoris sont les courts métrages de Blutch, Charles Burns et Richard McGuire, Lorenzo Mattoti avec un intérêt moindre pour celui de Marie Caillou

En effet, ce n'est pas seulement l'histoire qui est importante ici mais également le rendu dessiné, cette transposition rarement simple du papier à l'animation. A ce titre, les courts métrages de Blutch et de Mattoti crayonné, au fusain ? sont assez réussi je dois dire, j'aime bien cette ambiance entre papier et dessin, cela permet de s'y plonger presque comme dans une bande dessinée.

Blutch est ses 4 chiens qui dévorent tout ce qui passe sur leur passage avec cette image du vieil homme au nez crochu, un de ces personnages qui a sûrement hanté plus d'une nuit d'enfants, un de ces personnages issus dont ne sait où mais que l'on ne veut pas croiser dans ses nuits...

Le court métrage le plus réussi étant quand même celui de Charles Burns et de la vampirisation progressive d'Eric, cette ambiance noire qui s'installe, qui s'insinue petit à petit pour vous glacer le sang, entre fiction et réalité proche, un de ces contes fantastiques. D'ailleurs, cet épisode m'a immédiatement fait pensé à la nouvelle "l'oreiller de plume" lu dans Histoires étranges et fantastiques d'Amérique latine, de Horacio Quiroga, un auteur uruguayen, où c'est bien de réalisme magique dont il est question. c'est typiquement le genre de nouvelles tout à fait délicieuse à savourer sans modération...

Ensuite pour els dessins et l'histoire, c'est le court métrage de Mattoti/Jerry Kramsky qui est bien intéressant toujours pour ce dessin, j'aurai bien cru qu'il s'agissait des dessins de Blutch... peut être est-ce le cas ? on sent sa patte en tout cas. Et cette histoire d'enfance conté par Arthur H, sur cette peur d'un enfant de revoir son ami après mille péripéties et une chasse dans les marais, cette peurs de rester ou de revenir dans un endroit car on sait alors que tout peut arriver sans que l'on puisse contrôler quelque chose... cette appréhension et ce détour conscient qui s'opère face à une situation...

Le court métrage de Richard McGuire est très graphique et on comprend là aussi que le noir s'approprie progressivement tout, il ronge, tel un être vivant, il s'empare de son périmètre et l'étend toujours un peu plus... dans une vieille maison hantée ou pas d'ailleurs, tout peut arriver...

Pour le court métrage façon Manga de Marie Caillou, c'est pas si mal cela permet de voir une autre manière de dessinée mais du coup c'est moins réaliste vis-à-vis de mon univers judéo machin... mais tous les ingrédients sont là, l'école et sa hantise, la maison hantée et ses fantômes, le réveil dans le rêve qui n'en finit pas, le sang qui gicle et la fin des illusions et l'entrée dans le monde adulte...

J'ai moins apprécié les variations géométriques de Pierre di Sculio avec la voix de Nicole Garcia. Par contre, quelques belles envolées lyriques qui m'on bien fait rire... mais cela va un peu vite pour tout intégrer d'un coup... le passage sur le centre gauche notamment étant savoureux...

Bon, c'est vrai que l'on s'interrogeait avec paraglider sur ce moment de basculement où ces peurs passent ? d'où cela vient-il ??

Bon voilà quelques impressions mais essayer d'aller jeter un oeil à ces animations, c'est pas mal du tout en tout cas et puis il y a quelques extraits sur l'espace My space de Peur[s] du Noir et lire la belle critique de Stéphane Mas sur Peau neuve.