Sauf le respect que je vous dois de Fabienne Godet / by herwannperrin

 
Quelques mauvaises critiques peuvent détruire un film facilement surtout si c’est un premier long métrage. Ce n’est pas possible que cela arrive avec sauf le respect que je vous dois tant le thème du film est admirablement bien traité par Fabienne Godet.
La réalité de la vie en entreprise surgissant dans votre quotidien, vous affectant au jour le jour jusqu’à ce que tout bascule pour une raison qui vous est étrangère. La machination ourdit n’est pas qu’un mythe et elle peut vous assaillir où que vous soyez. Les conséquences peuvent être désastreuses pour vous, votre entourage voire même mortelles. Les effets de bords si l’on peut dire peuvent également être foudroyants.
Faut-il se rebeller comme c’est le cas avec François après …à la suite d’un tragique incident ou comme  Simon en frontal ? Faut-il remettre tous les principes qui régissaient votre vie à plat, des questions qui se posent et qui vous sont posés, comment réagiriez-vous dans pareille situation ; nul ne le sait, bien heureux ceux et celles qui connaissent ces moments où toute une vie peut basculer dans le meilleure comme dans le pire.
 
C’est au travers de François (Olivier Gourmet, toujours aussi excellent), Clémence Durieux, la femme de François (Dominique blanc que je n’aime pas tout simplement…), une femme mariée qui fait peur à son mari, non pas une peur tangible mais une peur dans la relation, dans l’absence de relation, de communication, car c’est aussi ces aspects là qui sont abordés, le couple et la vie en dehors, enfin le peu qui y échappe et les difficultés de tout dire. De l’autre côté Simon le « pote » de François, le collègue devenu ami, qui est grande gueule mais pas mauvais bougre et sa femme avec qui il est bien heureux…Puis Lisa (Marion Cotillard toujours aussi belle et charmante) qui est en rébellion en décalage, une âme en peine mais bonne âme, qui cherche à aider, à rendre et qui ne croit pas dans le système, qui la subit et qui ne veut plus y croire…et l’Entreprise évidemment, son monde, ses règles, ses bassesses…
 
Tout l’intérêt du film réside dans le rapport à l'humain dans un moment de basculement où tout dérape.
 
Le début du film, c’est le tournant du film, vous comprendrez rapidement pourquoi cet instant ou la vie, telle dans Match point choisi de quel côté va tomber la pièce ne sachant pas quel est le bon côté…
 
A voir, un beau film militant mais au ton juste et où le concret prend le pas sur l’abstrait, on est dans ce réalisme primaire qui fait que la frontière entre fiction et documentaire s’effrite de plus en plus, étrange monde que le nôtre…