La vie moderne de Raymond Depardon [ A voir ] / by herwannperrin

Eh bien voilà, bonjour pourrais-je avoir une place pour la France moderne ? Euh ah non, c'est plutôt la vie moderne, euh oui oui, effectivement, un lapsus peut être un peu révélateur... Allez savoir, en tout cas, j'ai plongé au MK2 Beaubourg, une seule salle MK2 qui diffuse ce film, heureusement que Beaubourg reste fidèle, enfin on ne peut que s'attrister devant cet état de fait, uniquement 47 salles sur toute la France, c'est pas cher payé quand même pour un film de Depardon, où va la vie moderne pourrais-ton se demander, voir Quantum of solace, HellBoy ou encore Mesrine... enfin c'est quand même dommage qu'il ne soit que si peu distribué, d'autant plus que la salle était plus que comble, un fait quand même pas si évident à Beaubourg, alors que la diffusion soit.

Voilà, que vous plongez dans un univers anti-citadin que probablement seuls des citadins vont voir d'ailleurs, ce qui est d'autant plus dommage mais enfin, on part sur les routes on repart aussi d'une route; Ces routes qui aboutissent, dans les Cévennes, mais ailleurs aussi évidemment à de grandes battisses perdues dans la forêt, l'été c'est superbe, luxuriance et vision de paradis, l'hiver également sous un autre angle et sans trop de dérangement ou de bruit aussi. mais cette vision simpliste et belle, c'est à la fois celle des gens du cru mais également l'oeil du touriste; les gens de là-bas car ils apprécient à sa juste valeur une vie dure, rude mais belle; Il faut être des passionnés de notre travail aime à répété un de ces agriculteurs/paysans qui a passé les 80 ans et qui continue sa vie, son amour des bêtes et de la région. Un métier qui se perd, qui change de contour, qui s'effrite, un métier fait de solitude, pour la plupart. Étonnant parallèle que cet homme d'obédience vaguement protestante qui regarde l'enterrement de l'abbé pierre sur une télé que même ma grand mère n'avait plus, il est une sort de christ païen, exilé ailleurs, il vit une autre vie que la mienne, la votre, proche peut être en cela de la nature, de cette immanence des choses et de l'impalpable... allez savoir en tout cas, il a une sacré gueule. Et des gueules, c'est ce qu'il nous montre Depardon, des vies burinés par le vent et par les réveils matinaux, le café noir et le sucre a 6 heures, cela fait déjà belle lurette qu'il son debout ces être d'ailleurs qui peuplent nos campagnes et quand survient le changement, ces célibataires endurcis, ne voient pas toujours d'un bon oeil un peu de changement et de nouveauté. 
C'est aussi un grand pari que de partir, de s'établir et de reprendre une exploitation, de faire sa vie dans ces conditions; beaucoup de doutes, d'expectatives pour ces gens qui ne savent pas de quoi demain sera fait, d'un métier qui se perd et qui voit disparaître ces hommes d'un autre temps.

Des images qui ne sont pas à couper le souffle, je ne dirai pas cela, mais c'est la justesse, la vie au quotidien, les silences, les paroles mesuré ou pas et le prix des mots qui transperce dans ces instants qui sont quelque peu magique, on sourit, on rit, c'est un ailleurs pas totalement inconnu mais flou qui nous parle encore un peu pour combien de temps encore... alors allez-y, faites vous une idée des Cévennes, cela donne d'ailleurs une envie irrépressible de s'y perdre peut être pas complètement, il faut se connaître mais cela a l'air sublime. Retrouvez ces figures humaines qui étaient celles de vos grands parents, d'hommes de la terre

Et puis c'est également cette proximité, cette tendresse du regard et des mots que Depardon essaye de nous faire partager avec eux, avec ses amis qu'ils sont devenus pour lui.