Mémoires de nos pères de Clint Eastwood / by herwannperrin



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Je trouve que le synopsis est assez explicite : "Au cinquième jour de la sanglante bataille d'Iwo Jima, cinq Marines et un infirmier de la Navy hissent ensemble le drapeau américain au sommet du Mont Suribachi, tout juste repris aux Japonais. L'image de ces hommes unis face à l'adversité devient légendaire en l'espace de quelques jours. Elle captive le peuple américain, las d'une guerre interminable, et lui donne des motifs d'espérer".
 
Un film sur un sujet difficile, une vision de l'Amérique qui cherche des Héros, pour croire, pour espérer, peu importe qui se cache derrière l'image,
c'est l'idée qui prévaut, elle est le fer de lance, elle est ce vers quoi tout un peuple tend; l'espoir de n'avoir pas envoyer ces enfants, sa chair
et son sang à une mort certaine sans autre fondement. L'un y voit son fils de dos, l'autre le sien, quête désespérée des familles qui attendent dans l'ignorance la nouvelle du retour de leur progéniture où l'annonce de la perte irrémédiable.
 
Le dessous des cartes de cette photographie qui a fait rêver l'Amérique est bien différent. Elle a été utilisée pour récolter des fonds et sous couvert de bons sentiments c'est une véritable entreprise marketing à l'échelle de tout un pays qui a été mise en branle. Ce n'est pas choquant de nos jours où c'est monnaie courante mais c'est toujours intéressant de revenir sur un évènement passé et l'analyser de manière rétrospective. L'image est devenue un vecteur toujours plus manipulée de nos jours par les grands groupes médias, elles couvrent les évènements et est fuyante aussi dans la mesure où elle change presque instantanément. Une image en chasse une autre. Avec Mémoires de nos pères nous sommes encore dans ce temps de la genèse si l'on peut dire où l'image a encore une force, un impact, c'est beaucoup moins vrai aujourd'hui de mon point de vue. On devient rapidement indifférent au sens des images qui se superposent de manière transparentes; les conflits nous touchent certes mais de loin en loin, ils sont devenus notre quotidien de lecture mais d'un évènement à un autre, d'un tsunami à un une inondation puis à des attentats, notre regard saute, nous nous insurgeons sur le moment, on en discute, on se dit ce n'est pas possible est-ce que cela va se terminer un jour puis le lendemain le processus d'oubli commence déjà...
 
On ne peut pas dire que cela soit un film d'exception et pourtant entre documentaire et réalité, il interroge sur un évènement, sur la vie de ces hommes, cete lutte intérieure sur la réalité de là-bas et l'entreprise marketing qu'ils sont en train de mener, le système de flash-back en noir et blanc nous replonge dans l'enfer de la guerre, la surprise américaine lors du débarquement, la hargne des japonais pour défendre ce qui est leur, ce qui fait partie de leur culture, de leur héritage.
 
Et puis cette idée de planter un drapeau, signe de conquête ancestrale, d'appropriation et les conséquences profondes de ce geste sur l'imaginaire collectif. Aussi, je vous le conseille dans la perspective de voir le deuxième opus qui envisage la bataille d'Iwo Jima du côté japonais, deux facettes d'une guerre...