Joan Colom à la fondation Henri-Cartier Bresson / by herwannperrin

 
Qu'est-ce qu'il nous est donné à voir ici, eh bien au delà des prostituées, des raegards échangés entre ces hommes et ces femmes d'âges mûrs qui sont là, monnayant leurs charmes avec des hommes en attente d'un peu d'affection, de réconfort ou tout bonnement de plaisir, c'est la vie des gens du Raval dans tous ces états qui nous est contée avec dignitée, tout le monde est représenté, dans ce petit quartier du Barrio Chino "le quartier chinois", la ménagère, la mère, le clochard humble et fumant, l'homme alcoolique  pleurant la vie qui passe et la douleur, le rigoleur avec ses joues gonflées à l'hélium, cette fillette au visage cachée par des lambeaux de papier ou de tissus qui avance allègrement et puis surtout, enfin entre autres de magnifiques photographies d'enfants, de cette innoncence qui seule peut être captée fugitivement et sur les gosses qu'il soit d'ici ou d'ailleurs, cette beauté immanente et irradiante qui en ressort, un de ces moments où vous restez bête tout simplement car au delà, des apparences, c'est la nostalgie, la beauté et l'ivresse du regard qui se présente à vous. Allez y c'est étonnant ces photos, à la fois proche de la vie de tous les jours et éloignées, un melting-pot de découvertes où les regards concupiscents en disent long parfois sur les pensées, sur ces fesses rebondis et ces seins qui s'ouvrent sur la rue; lorsque une main surgit devant l'appareil attaché au bras de Joan Colom, devenu une extension naturelle de soi, il se détend et capte les mouvements de l'air ambiant (il indiquait, "Je faisais semblant de bâiller et clac, je déclenchais. Je ne changeais jamais ni l'objectif, ni l'ouverture, ni la vitesse. Mais, avec l'habitude, je savais exactement où me mettre et comment viser. J'avais l'oeil au bout du doigt") dans un quartier qu'il découvre et qui ne ressemble pas franchement à l'enfer imaginé par la bourgeoisie de l'époque comme le raconte Marta Gili dans son essai Barrio Vencido, Barrio Ganado (Quartier vaincu, quartier gagné): "le Barrio Chino de la Barcelone franquiste évoquait nombre des stéréotypes de l’imaginaire catholique et petit-bourgeois, rattachés à l’enfer : lieu sordide, sombre, malodorant, principalement occupé par des souteneurs, des voleurs et des prostituées"; on est vers la fin des années 50, c'est là que commence le travail de Colom; c'est là qu'il s'arrêtera aussi après le scandale qui suivra la parution de son livre Izas, rabizas y colipoterras "Grues, escaladeuses, escamoteuses" dont d'ailleurs il n'aime pas parler car il aurait été fait en partie sans son accord... Lui dont le seul but "Mon seul but, c'était de les mettre dans mon tiroir, explique-t-il. J'étais mon propre collectionneur" ne reprendra la photographie qu'à sa retraite...
 
  
 
A découvrir avec envie et passion jusqu'au 30 juillet 2006... 
 
Un bel article de Lunettes Rouges