L'ombre d'une photographe, Gerda Taro de François Maspero / by herwannperrin

 
 
 
Hola hola braves gens, arrêtez vous ici et prenez le temps de lire cet ouvrage... Après une lecture diagonalisante du Monde des Livres vendredi 5 mai 2006, me voilà en quête de cet éclairage sur la vie de la compagne de Robert Capa (alias Andre Friedmann) et me voilà en possession de ce très bel opus qui moins conséquent que le bouquin de référence auquel François Maspero renvoie d'ailleurs : Gerda Taro, une photographe révolutionnaire dans la guerre d'Espagne d'Irme Schaber, il n'en demeure pas moins très intéressant. En effet, l'idée de l'interview rêvée de Gerda Taro alias Gerta Pohorylle jeune femme qui "blessée au soir du 25 juillet 1937 sur la route de Brunette à Madrid, alors que les Stuka et les Heinkel allemands de la Légion Condor mitraillaient et bombardaient sans relâche les troupes républicaines en pleine retraite" mourra au petit matin à seulement 27 ans. Hommage à cette femme de l'ombre qui revient à la lumière après tant d'années d'effacement, retour sur une vie hors du commun à une époque où l'engagement était une nécessité de tous les jours.
 
Regard sur un couple, Capa/Taro mêlé de façon si inextricable qu'il en devient mythique mais indépendance folle de ce petit bout de femme photographe, "première" photo-reporter morte  le 28 juillet 1937 qui par delà l'écrit semble avoir conquis toutes les personnes qui l'on cotoyées pendant cette période. Le magazine Life salue « la première femme photographe tuée en action ». C'est Alberto Giacometti qui concevra sa tombe commanditée par Ce soir, dirigé à l'époque par Louis Aragon, Capa était inconsolable; Ted allan a qui il vait confié Gerta, amoureux de la belle photographe est lui aussi au bord du néant...Capa publiera en 1938 "Death in the making, photographs of Robert Capa and Gerta Taro" hommage à sa compagne perdue dans le feu de la bataille.
 
On y apprend aussi comment Gerta est venu par hasard à la photo vers 24 ans et comment son travail a souvent été associé à tord à celui de Capa de façon plutôt involontaire d'ailleurs avant sa mort en Indochine en 1954 et surtout après, confusion qui est levée aujourd'hui et qui va enfin voir une exposition retrospective qui devrait être présentée à New York.
 
Ce livre, c'est aussi l'occasion de louvoyer et de découvrir ce qu'il se passait à cette époque au niveau politique et de comprendre un peu plus les choix de ces hommes, de ces femmes dans leur engagement contre le fascisme, la position de l'Union soviétique... la rencontre avec quelques écrivaisn et personnages qui marqueront le monde et c'est aussi le début de l'oeil-caméra qui permet de s'interroger sans fin sur les rapports entre images et vérité : "On en revient toujours là : une photo peut-elle changer le cours des choses ? Ou tout au moins exercer une influence sur lui ?"
 
Pour terminer : "Pour reprendre les mots de Koestler à propos des "deux éléments fondamentaux de la foi révolutionnaire : l'attrait de l'utopie et la rébellion contre une société malsaine", disons que l'utopie de Gerda, largement partagée par Capa, n'avait qu'un nom : la photo. Ce langage universel. La photo, "moyen autonome d'être politique" a écrit Raymond Depardon. C'est par elle, dans elle, que Gerda est un être essentiellement politique. Le reste, tout le reste est, non pas littérature, mais bien rapport de police".
 
Alors voyez-vous je crois qu'il est temps d'aller acheter ce petit livre très intéressant et de partager avec eux la passion de la photo...