Si ce n'est toi d'Edward Bond mis en scène par Alain Françon au Festival d'Avignon / by herwannperrin

 
Qu'on se le dise, il est difficile de trouver plus belle représentation que celle-ci tant la mise en scène que le jeu des acteurs et le texte sont d'une beauté, d'une concision et d'un profondeur rarement inégalé. Eh oui, les éloges vont à ceux qui prennent le devant et qui innovent. Ceux qui prennent les risques et le devant de la scène pour affirmer ce qui est en arrivance, ce qui est déjà arrivé et qui s'est passé et qui devrait nous faire frémir d'horreur et d'angoisse. Ce futur tant redouté où le passé n'existe plus, le passé peut-il ne plus exister ? Telle est une des interrogations présentées ici. Le rapport de force entre le mari, la femme et l'invité, muse ou démon ? messager annonciateur du déluge ou retour sur ce qui est réel, ce qui existe et dont on ne peut finalement se défaire et bien heureusement. Le présent est un temps de vie mais il ne se suffit pas à lui-même et le futur comme le passé ont une dimension qu'il faut envisager, entre-apercevoir et que l'on ne peut occulter même si l'Etat et l'Ordre règne. Rien ne s'efface et essayer d'effacer les consciences n'est pas propice, n'est pas envisageable mêl dans un Rêve.
 
Alors après ce prologue énigmatique, qu'est-ce que cette pièce si grandiose ? Eh bien finalement pas grand chose, il y a trois personnages, deux chaises, une table, une caisse et éventuellement un sac et un manteau ah oui un cintre aussi et quelques ustensiles de cuisine, deux bols, deux cuillères...Rien de grandiose me direz vous ! mais c'est avec le rien que tout se fabrique et les signes deviennent comme des repères qui vous attirent comme des phares ou comme des lanternes, au gré de vos réflexions et du temps qui  passe. La pièce est réflexion et est au diapason d'une époque à venir mais aussi d'une époque passée peut être déjà dans l'oubli...
 
En 2077, pas si loin que ça, un couple qui n'a plus rien s'engueule sur ce rien, l'existence se retranche et l'espace temps se compresse dans ces moments ou la notion d'ordre et de travail sont les phares de quelques uns alors que d'autres sombrent dans la folie voire dans le suicide, par vagues entières... le shamman est-il réel, est-il un rêve ? De ces situations risibles nait l'humour, le risible de la fin des choses et d'un temps où tout bousculement du réel est remise en cause de l'existence et rappel de cette mémoire que l'on veut occulter, terminer, sabrer...
Qu'est-ce que cette conscience qui frappe à la porte qui interroge sur l'extérieur, le rapport aux autres et à soi dans le monde comme on le voit, le touche ?
 
Existence, imagination; vie vécue, vie rêvée qu'est-ce que tout cela qui s'entremêle devant nous ? Voilà voilà quelques bribes jetées de manière nonchalante et à compléter sur un grand moment à essayer de découvrir près de chez vous...
 
Quelques infos sur le site du théâtre de la colline