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Khetaram/Deeparam, le facteur du désert par Isabeau de Rouffignac à l'Hôtel de Sauroy
Tout part d'un article lu dans le Courrier International du 6 janvier 2005 sur la vie de Khetaram, le facteur du désert. Pour se remettre dans l'ambiance lisez l'article qui est d'ailleurs à l'entrée de l'exposition; vous pouvez lire un extrait : "Il a tant porté de sacs de courrier que son épaule gauche en est déformée. Depuis quinze ans, Khetaram brave le désert le plus rude de l’Inde, le Thar, pour atteindre les dhaani, ces hameaux isolés à deux pas de la frontière indo-pakistanaise. Seul facteur de la poste de Somrad, il fait le lien entre les 1 100 personnes rattachées au bureau de poste de ce village du Rajasthan et leurs familles vivant au loin.
A 120 km du terminus de la voie ferrée, à 50 km du dernier téléphone et à 10 km de l’endroit où la route Barmer-Chohtan se perd dans un sable si mou que même les vélos s’y enfoncent, les dunes portent les traces des pas de cet homme de 55 ans. Au prix d’un effort physique considérable, le courrier sera distribué à la frontière moins de vingt-quatre heures après avoir été expédié de Jodhpur, à 330 km de là".
L'Hôtel de Sauroy est un lieu au coeur du haut marais si l'on peut dire, les lourdes portent s'ouvrent et vous pénétrez dans ce lieu ou les bois craquent... et où l'histoire vous rejoint. A tout dire, j'ai été plus sensible à l'histoire et à sa visualisation en quelque sorte qu'aux photos en elle-même, c'est la mise en situation qui fais la différence...J'ai eu la chance d'aller dans le désert duThar il y a quelques mois, c'est vrai que c'est comme cela, difficile, rude et désertique, il n'y a que le soleil et le turban le sable et les petites bestioles sur la dune, la lune qui éclaire la nuit de tout son éclat et les petit repas à la tombée du jour, le feu, letchai évidemment, rituel obligatoire et puis le lavage des casseroles au sable, les histoires que l'on se raconte et puis le lever de soleil...
Pour Khetaram, l'ennemi est le soleil, son sac qui pèse jusqu'à 28kg et ces kilomètres à parcourir sans fin, cette longue marche, cette "besace qui contient le monde" et qui apporte de bonnes et de mauvaises nouvelles, arrêt sur la pas de la porte lorsque le coin droit de la lettre est entamée, il s'agit d'un décès, il lit la lettre sans entrer puis la déchire... c'est l'attente de l'eau et parfois d'un morceau de sucre le thé aussi parfois, enfin la vie qui passe et le temps, le sable qui fouette...
Si vous avez l'occasion d'aller faire un tour là-bas, c'est un peu de cette Inde d'aujourd'hui et d'hier que vous pourrez découvrir avant d'y aller vous même faire un tour et vous perdre dans ses couleurs et son dépaysement...
Quelques précisions et photographies sur le site Photographie.com
Hôtel de Sauroy
58, rue Charlot 75003 Paris
Les "Shanghaï Night Views" de Floriane de Lassée à la Galerie Philippe Chaume
Vous l'aurez bien compris je suis un peu fan du travail que Floriane de Lassée réalise et ces toujours avec le plus grand plaisir que j'essaye de suivre ces quelques expositions qui me permettent de voir ou de revoir certaines de ces photographies que je trouve des plus esthétiques et originales, avec une sensibilité et un sens de la composition qui me surprennent. Et puis, il y a ces couleurs de la nuit si difficile à capter et dont le rendu me donne à penser mille et une choses, ces lumières presque une ville du jour la nuit qui s'éveille au monde et qui s'ouvre telle une corolle, c'est toujours avec un plaisir non dissimulé que l'on se rend dans ses lieux où elle expose et particulièrement chezPhilippe Chaume dont j'apprécie les rivages de la Galerie et les alentours même si aujourd'hui il est vrai que les alentours sont occupés de manière quasi systématique par les sans logis... horriblement impressionnant de se rendre là-bas je dois dire...
Enfin pour revenir à ces vues de Shanghaï eh bien vous le voyez déjà presque apr vous même, les photographies présentés touchent au sublime et ce n'est rien de le dire, sans fioriture et sans détours autres que la matière brute de la ville qui se découpe devant notre regard scrutateur, inquisiteur vers ces intérieurs, vers ces murailles de verres aux couleurs sorties d'un autre monde, d'un autre espace, c'est vrai aussi que l'on est en Chine, dansl'Eldorado de demain qu'on se le dise, l'Asie est à nos portes et cette vision nocturne nous le rappelle encore une fois si besoin était, le développement croissant de ces mégapoles urbaines a de quoi nous interroger, quels sont les vivants qui arrivent à survivre dans ces prisons de verre qui s'étendent à perte de vue... le développement à son prix à payer et devant ce décor planté aux mille facettes n'oublions pas la réalité sociale de cette chinearrivante et déjà là...
Vision changeante d'une couleur à l'autre reflet d'un monde et d'un temps, le photographe saisi l'instant tel un conservateur et la pellicule ou le numérique inscrive les différences qui d'un jour ou d'une semaine peuvent avoir lieu. la péninsule se perd dans la nuit qui brouille la vision et la mer est là qui peut d'un revers tout noyer et ensevelir dans ses eaux profondes, un monde se découvre à nous et quelques personnages solitaires le peuple ne sachant pas trop ou se mouvoir, où se diriger et quelle attitude avoir...
Voilà voilà allez nonchalamment découvrir cette chouette de la nuit qui offre son regard à vos yeux le temps d'un vol ou d'un perchement à l'autre bout du monde...
Par contre, malheureusement, toutes les photos présentées ici ne sont encore accrochées à la Galerie, cela ne devrait pas tarder, enfin espérons...
Galerie PhilippeChaume
9 rue de Marseille
75010 Métro République
du mardi au samedi 12H- 19H30
Tel : 01 42 39 12 60
Tel : 06 15 21 2326
Dagmar Sippel et son exposition "Me Vois-Là !" au Centre Iris pour la photographie
Une très très belle et riche exposition au Centre Iris, je ne connaissais évidemment pas Dagmar Sippel mais je dois dire que j'ai été plus qu'agréablement surpris par son travail, enfin ses travaux plutôt car cette exposition regroupe au final au 4 expositions en son sein ce qui ne gâche rien et permet de voir l'éventail de la palette de cette artiste allemande.
D'entrée, vous pouvez lire cette phrase : "Un Peu d'insouciance ne peut pas faire de mal, un peu d'humour dans la vie quotidienne non plus! Faites comme moi, amusez-vous, la vie est courte !" je ne peux qu'acclamer ce type de déclaration tant je les partage intrinsèquement
Les thèmes abordés sont multiples comme je viens de le dire. Il s'agit si l'on rebrousse le temps, c'est au sous-sol de sa série sur des lettres d'amours reçues par un inconnu et mise en scène dans des boites à malice qui sont aussi à musique, recomposition d'un moment, mise en scène de l'artiste elle-même autour de ces lettres, intimité de la vie etanonymisation des lettres courant sur le papier... on est en 1994 puis vient ce qui m'a le moins touché, l'ange, ou une sorte de dénonciation lors de mise en situation en 1995/1996 ensuite c'est la série sur le muséeGrévin où l'artiste se juxtapose avec des personnages célèbres, on est pas dans la fusion bien évidemment mais on est dans un lissage du décor et de la scène; elle est partie de cet ensemble et se fond en lui de manière plus ou moins réussi d'ailleurs, travail réalisé dans les années 1997-1999
On arrive ensuite aux autoportraits en relief 3-D qui scénarise complètement l'artiste elle-même dans des situations dites de "salutations de vacances", travail inspiré directement par la vie de l'artiste elle-même et notamment de par son métier de guide dans le tourisme "Je fais des tours de ville à Paris et des visites guidées des châteaux avec des touristes allemands et anglais. Depuis le début je me suis amusée à voir les touristes posés devant des monuments connus comme souvenir de leurs vacances et surtout comme preuve, d’avoir vraiment été sur les lieux". Elle est là, devant Cognac ou devant la tour eiffel et tant d'autres... c'est amusant de la voir voyager comme cela, les cheveux au vent presque lorsqu'il s'agit de 3D et sinon avec ces petites photographies Polaroïds de poche...
Pour terminer le travail sur ce qu'elle appelle "ses tissages" dont vous pouvez voir un exemple ci-dessous, travail de fusion de deux êtres, de deux ... l'idée est intéressante et le rendu intriguant, sur place vous avez également quelques exemples des personnes avant tissage ce qui vous donne d'autres repères, pas évident de s'y retrouver dans ces êtres uniques et double à al fois, l'idée lui est venu spontanément "Si 2 personnes font l’amour, ils deviennent 1. Au début c’était l’autoportrait avec mon mari, entre temps je tisse d’autres couples, comme par exemple MarcelMarceau avec lui-même, une mère avec un enfant, un homme avec un homme, une femme avec une femme, un musicien avec son instrument, un chien avec son maître, etc."
L'individu n'est plus et le couple fusionnel est là, nouvelle manière de voir, quelque part peut être une négation de l'individualisme. C'est amusant, surtout à la lecture en décalée d'une note récente d'Henri Kaufman après la publication d'un article du NY Times dans lequel "Tracie Rozhon écrit un article sur une tendance de fond : les architectes sont de plus en plus sollicités par des couples qui désirent construire des maisons avec chambres séparées. La raison principale n'est pas la désaffection sexuelle mais plutôt les ronflements de l'un des "co-locataires" du lit". Dans ce cas comment faire pour les tissages, eh bien rien de plus simple, comme vous le verrez dans l'exposition, chacun peut reprendre son portrait et le mettre dans sa chambre....
Bon allez hop, j'arrête avec mes bêtises, c'est jusqu'au 31 mars 2007 et le centre Iris ouvre ses portes du mardi au samedi de 14h à 19h alors n'hésitez pas à aller y faire un tour vous serez agréablement surpris par ces oeuvres photographiques composites...
Centre Iris ... pour la photographie
238, rue Saint Martin 75003 Paris
Tel : 01 48 87 06 09
Les photographies de David Cousin-Marcy et les toiles de Caroline Bressan à la galerie Artwist
Les quelques photographies présentées par David Cousin-Marcy à la galerie Artwist me parlent dans la mesure où je suis de près ce type de photographies urbaines moi même à travers mon site www.paris-photographie.com.
La démarche initiée par David Cousin-Marcy avec "Vu en ville" permet de poser un regard instantané sur la ville et son évolution, sur la ville et sa périphérie proche, avec ces zones d'activités de non activités loin du coeur battant et tonitruant.
Il indique que sa "démarche s'apparente à ce qu'Yves Alain Blois dénomme "l'Already-Made". L'intention est de dénicher dans ces espaces les éléments qui s'offrent immédiatement comme des formes artistiques, en référence souvent à lapicturalité abstraite ".
Son portofolio se trouve sur le site de Photographie.com et vous pouvez continuez vos déambulations sur son site Vu en ville ou sur son espace de travail Flickr
C'est bien ça également pour moi essayer de capter dans l'instant ce que le regard arrive à ciseler, isoler cet état et en faire un moment de mémoire, mémoire collective peut être, regard sur la ville et ses itérationszigzaguante , découverte d'artistes parfois aux détours des rues, le regard s'habitue et devient un instrument au service de l'urbain et de ses déclinaisons si vastes et si intéressantes. Lueurs sur un mur éclairante, graffitis qui demain ne sera plus, poésie d'un pochoir, découpage d'un immeuble en tranche et de son héritage de couleur et puis tant d'autres petites merveilles qui se révèle à nous en pleine déambulation....
Dans le même temps cette Galerie Artwist qui expose au final de jeunes artistes non encore côtés, j'ai pu découvrir les fabuleuses et magnifiques toiles de Caroline Bressan.
Il y a beaucoup de matière et beaucoup de sentiments qui se dégagent de ces toiles, composition esthétique et poétique, douceur et fraîcheur en ce printemps qui arrive, vous avez envie de vous laisser porter et de vous perdre dans ces oeuvres aux couleurs chatoyantes à souhait et finement ciselées.
C'est un plaisir que le regard vous rend en vous laissant envahir et plongez dans cet espace en suspens qu'elle créée pour vous, pour elle aussi sûrement, un regard différent tout en finesse et en perceptions.
Sur son site Internet on peut lire : "J’aimerais faire une peinture objet, une peinture hors du temps, sans âge, hors de son époque : une peinture qui serait conçue comme une boîte à plaisirs, à emporter du regard". Il semble qu'elle ait réussie...
Et puis également cette petite critique mise en exergue : "Les toiles de Carole Bressan possèdent l’élégance et le raffinement de l’esthétique orientale dont elle s’inspire. Elle aborde ses toiles un peu comme un calligraphe compose ses lettres, lentement, soigneusement et charnellement. Chaque motif est traité comme une pierre précieuse, il ressort de ses oeuvres une profonde délicatesse et une poésie troublante qui séduisent au premier regard"
Retrouvez ces oeuvres et bien d'autres sur le site de Carole Bressan elle vaut amplement le déplacement...
Galerie Artwist
32 rue Michel le comte 75013 Paris
Tel : 01 42 72 63 84
Duane Michals
Avec Duane Michals, on s'aventure dans un monde surréaliste à la fois proche du notre et également distant. Il aime nous raconter des histoires, ces histoires, précurseur de la photographie filmée si l'on peut dire... ces oeuvres photographiques sont de véritables petites scénettes quotidiennes sur la vie, le sens de la vie presque...
Je pense évidemment à "l'ange déchu" ou comment devenir un homme..., "prends-en une et vois le fujiyama" hilarant..., à "la femme blessée", à "la naissance et à la renaissance" revisitation du cycle de vie et puis tant d'autres qui éclaire un peu plus sur ce dont nous sommes fait, le paradis perdu et retrouvé dans des bureaux avec un crescendo inverse des plantes, le dénumement des personnes qui se fait ressentir, retour vers la nature vraie et le silence... et puis également "l'épouvantail", terrible mise en scène aux deux sens du terme d'ailleurs véritable film d'horreur contemporain... avec "les choses sont bizarre" ont entre dans la mise en abyme et puis il y a "le gant" et on se trouve projeté dans des fantasmes urbains tout à fait plausible et envisageable actuellement et lorsque l'on voit "le christ à New York" on se dit qu'il ne manque pas d'humour.
Travail en ironie, sur le temps qui passe, la condition de l'homme et la mort et puis surtout surtout sa hantise des apparances...On notera d'ailleurs les propos de Renaud Camus sur Duane Michals dans Photo Poche : "Un des traits spécifiques des premisses intellectuelles de l'oeuvre de Michals est une méfiance obstinée, d'ailleurs très chrétienne en son fond, des apparances doublée d'une foi un peu naïve dans la supériorité de la réalité de ce qu'elles cachent : "Je pense qu'il est important de ne pas s'occuper des apparances mais de ce que les gens sont réellement. C'est ce que les gens représentent dans votre vie qui veut dire quelque chose, non pas ce à quoi ils ressemblent aujourd'hui ou hier". On notera, dans cette drrnière phrase, la très savoureuse abiguité du verbe représenter, placé en position de presque équivalence avec le verbe être qui le précède".
Il y a aussi un sens ambigu entre son nom et son histoire personnelle, à lire intensément
Voilà, en tout cas une très belle découverte chez C. et je sui bien content de me pencher sur lui
