BLOG CULTUREL

Spectacles Herwann Perrin Spectacles Herwann Perrin

La petite catherine de Heilbronn d'Heinrich Von Kleist au théâtre de l'Odéon (Ateliers Berthier)

Le constat est simple : bien joué mais très chiant.

C'est quand même dommage que la pièce baigne dans le noir ou presque une grande partie du temps. Cela n'apporte pas grand chose à part amener la salle dans une salle de torpeur qui est douce et enveloppante, fatalement vous vous endormez. C'est ce qui a été le cas de plusieurs personnes à nos côtés et je dois dire que j'ai même eu quelques fermement de paupières. Sinon, les décors sont beaux même si un peu éloigné du coeur de la pièce.

Et puis côté histoire, cette histoire impossible d'un amour entre le comte et la petite catherine de Heilbronn, de la rencontre maintes fois renouvelée avec Dieu à travers ce que l'on pourrait en quelque sorte nommer Ordalies, les rites de passages... En tout cas, elle n'a rien de réellement émouvant et l'abnégation de la petitecatherine ne me touche guère, elle vit son rêve et son annonciation, elle va au bout d'elle même pour lui, dans cette certitude absolue.

Bon a priori, c'est complet alors vous avez de la chance en quelque sorte...

Théâtre de l'Odéon
Ateliers berthier
2 rue André Suares 75017 Paris

Lire la suite
Spectacles Herwann Perrin Spectacles Herwann Perrin

Bale de Rua (ballet de la rue) au Trianon



Tout simplement grandiose, géant et génial

Voilà, vous aurez vite compris mon enthousiasme lorsque vous serez dans la place mais encore une fois, n'hésitez pas. Bale de rua, c'est un mélange subtil de danses, d'acrobaties, de hip hop et de percussions en provenance directe du Brésil. Cela a été la révélation de la Biennale de la Danse de Lyon en 2002, acclamé par le public du Théâtre Mogador en 2006, le Balé de Rua (ballet de la rue) est de retour au Trianon.

15 danseurs, 14 hommes et une femme qui vont vous enivrer dans une sarabande folle et inimaginable. Mélange des différentes danses dont la capoiera et sa beauté lancinante associé à la force brute, physique; la samba et son rythme tribal qui retentit et qui vous met presque en transe. Vous allez être subjugué par cette troupe qui a une pêche d'enfer, on se demande comment ils peuvent tenir 1h30 à cerythme, c'est mené tambour battant avec une vigueur et une intensité inégalée.



La mise en scène et les chorégraphies de Marco Antônio Garcia sont étonnantes d'ingéniosité et de découvertes, un mixage sans fin et qui se succèdent à une vitesse vertigineuse. L'appel tribal se fait ressentir également lors de plusieurs tableaux, la peinture et les rites qui l'accompagne participe à cette transe collective et on reste subjugué, ébahi par les performances chaque fois nouvelle de ces êtres venus d'ailleurs. Des comédiens qui d'ailleurs pour la plupart sont issues des favelas. Un juste retour au sources est également évoque avec l'attente de l'émancipation des noirs qui ont du attendre près de 300 cents pour s'affranchir de leur condition d'esclave et devenir des hommes libres. D'après ce que j'ai pu rapidement lire, c'est le 13 mai  1888 avec la loi Aurea (ou loi d'Or) que sonne la fin de l'esclavage au Brésil. A cet égard, il semble (sur Hérodote ) que l'empire du Brésil soit le dernier État occidental à avoir rompu avec cette  pratique honteuse. En complément, on pourra lire L'esclavage au Brésil sur le site de l'Unesco et l'histoire du brésil sur Wikipedia.

C'est de la joie et du bonheur que l'on retourve dans l'ensemble du spectacle qui est là jusqu'au 17 février prochain et pour info, il y a des réductions de 30% sur TickeTac... avis aux amateurs, trices...


Le Trianon
80 boulevard Rochechouart - Paris 75018
Tel : 01 44 92 78 03

Lire la suite
Spectacles Herwann Perrin Spectacles Herwann Perrin

Chat et souris au théâtre de la Michodière

Bon, soyons clair dès le départ, c'est de la comédie de Boulevard et c'est très bien, rondement menée cette affaire, c'est moi qui vous le dis...

L'histoire est assez simple au départ puis se complexifie. Jean, chauffeur de taxi à Ivry marié à Charlotte a un fils, Guillaume; Jean chauffeur de taxi à Montreuil marié à Mathilde à une fille, Alix. Tout va bien pour lui jusqu'au jour ou Alix décide par hasard de rencontrer Alix... un imbroglio sans nom se met en place et l'art divin du mensonge de Gilbert jardinier (alias Francis Perrin) va être appelé à al rescousse avec des scènes complètement loufoques, des croisements dans tous les sens, un travail mené de main de maître...

C'est avec une frénésie et une vivacité sans égal que cette pièce est jouée. cela virevolte, cela fait rire, le rythme est là enivrant et entraînant qui donne tout son ossature à la pièce et l'entente des acteurs est visible, ils s'amusent et quand les acteurs sont bien, le public suit de manière transparente, on se demande comme cela va évoluer,comment cela va se terminer car la situation est critique...  La pièce repose essentiellement sur Jean-Luc Moreau et Francis Perrin qui sont tout à fait excellents, c'est un peu moins vrai pour les femmes de Jean-Luc et ses enfants respectifs...

Une pièce montée par par Jean-Luc Moreau avec dans les rôles principaux Jean-Luc Moreau et Francis Perrin, accompagné par les femmes respectives et enfants ainsi que le père Jardinier en l'occurrence : Cécile Magnet , Marc Bertolini , Murielle Huet des Aunay , Bunny Godillot , Benjamin Wangermée

Allez-y vous vous amuserez bien, c'est jusqu'au 27 janvier prochain

Lire la suite
Spectacles Herwann Perrin Spectacles Herwann Perrin

Le plus heureux des trois au ciné 13



Vous avez envie d'un moment de détente bien mérité, allez voir Le plus heureux des trois au Ciné-Théâtre 13.

Une comédie de boulevard d'Eugène Labiche dont l'intrigue est simple : "La femme, le mari et l'amant? Mais aussi l'amant de l'ancienne femme du mari, un cocher maître chanteur, de drôles de domestiques, une bonne qui a tout vu, une femme qui veut absolument épouser l'amant de l'autre femme, l'amant dans la maison, et même une gouttière et des poissons... Une folie burlesque en trois actes, un vaudeville étourdissant mené tambour battant ou les situations farfelues se succèdent à toute vitesse. Quel est le plus heureux des trois ?"

coupé La réussite de la pièce tient à cette palette d'acteurs grimés, sur les 6 acteurs, il n'y a qu'une femme, elle sera à la fois pétunia et la cousine Berthe; la femme de Marjavel, le mari dupé n'est rien d'autre qu'une homme... on rentre dans le vif du sujet et la femme de l'alsacien n'est autre que l'oncle d'Ernest... une pièce avec des femmes mais joué par des hommes, cela donne un petit piquant très savoureux... Le couple d'alsacien est excellent, entre Lisbeth toujours joyeuse avec ce sourire béat et cette naïveté éternelle; son mari à la coupe rorkiennegéométriquement, mari perdu, mari sans honneur mais si bon... Ernest qui vadrouille d'une femme à l'autre,...

En tout cas, vous ne pourrez que rire et vous détendre dans cette pièce; alangui dans des fauteuils de cuirs pour les mieux placés, vous passerez un moment bien agréable. Rien d'intellectuel... de quiproquos en quiproquos, vous vous laissezentraîner dans le délire de cette troupe.

C'est la compagnie "Les sans cou" avec Paul Jeanson (Ernest) , Fanny Deblock (Berthe et Pétunia) , Clément Aubert (Marjavel) , Noam Morgenstern (Krampach) , Arnaud Pfeiffer (Hermance)  et Jérémy Buis (Jobelin et Lisbeth)

Regardez le teaser fimé à l'ancienne, c'est juste un bon début qui n'ira que crescendo pendant la représentation


Ciné 13 Théâtre
1, avenue Junot - 75018 Paris

Lire la suite
Spectacles Herwann Perrin Spectacles Herwann Perrin

L'Orestie d'Eschyle, adaptation et mise en scène de David Géry au Théâtre de la Commune


Sublime pièce de théâtre qui nous a été présentée au Théâtre de la Commune. C'est la première fois que je m'y rendais, sûrement pas  la dernière.  Pour ceux qui ne voudraient pas s'aventurer trop loin sachez que c'est à peine à 5 minutes du Métro et que le théâtre met à disposition une navette gratuite pour revenir sur Paris à l'issue de la représentation. Il n'y a pas à hésiter surtout lorsque l'on vous présente pour un prix ridicule par rapport à d'autres théâtres parisiens une pièce de cette qualité.

L'Orestie où Agamemnon, Les Choéphores  et  Les Euménides d'après Eschyle avec une traduction de Daniel Loayza et une adaptation et mise en scène de David Géry. Pour ne rien vous cacher c'est la lecture d'un article de Martine Silber dans l'édition du 11 décembre dernier dans le journal Le Monde qui a eu raison de moi et heureusement. La trilogie antique qui ne représente rien d'autres que la naissance de la démocratie nous interroge à la fois sur le passé avec la force tout à fait incommensurable du texte, de l'homme (Eschyle) et des paroles dites. Le présent se juxtapose ici pour nous renvoyer vers nos institutions, notre société dans laquelle la Justice doit reprendre ses droits, son indépendance et sa force de probité qui souvent lui échappe de part le rallongement des procédures, des erreurs et autres difficultés inhérentes à notre espèce mortelle.

Avec Agamemnon, c'est un passé guerrier magnifique qui ressurgit avec la prise de Troie. Elle sera de courte durée cette victoire de 10 ans, la lame de Clytemnestre s'abat a plusieurs reprises sur son torse et le voilà aux portes de l'enfer, lui le valeureux guerrier qui avait sacrifié telle une chèvre sa filleIphigénie pour plaire aux dieux. La vengeance de Clytemnestre, c'est la vengeance de la mère sur sa fille accompagné dans sa sarabande d'Egisthe le neveu d'Agamemnon en souvenir d'un repas funeste ou son père mangea sans le savoir les chairs de ses enfants égorgés. Juste retour de bâton mais dans cette spirale infernale, où s'arrête le cycle interrogeEschyle . Le conseil ne sait trancher et c'est la tyrannie qui s'installe au Palais. C'est sans compter sur l'oracle et la venue tant attendued'Oreste , le fils vendu qui revient vengé le meurtre de son père auprès des amants réunis qui règnent en maître absolus. C'est avec le concoursd'Appolon, qui est le coeur de Zeus , de par qui sa volonté se fait mais dans la nuit grecque, le matricide est un crime qui ne peut rester impuni car dans la nuit veille lesÉrinyes, déesses vengeresse. C'est sans compter sur la sagacité d'Appollon qui permet pour un temps à Oreste de s'enfuir et d'aller se présenter devant Athéna elle-même afin que l'infernal cycle de la vengeance s'arrête, c'est là qu'Athéna fait appel au jugement du tribunal des citoyens grecs (Aréopage) et qu'Oreste est épargné; de cette date, les Érinyes deviennent les Euménides (les bienveillantes). La Justice dans la cité sera dès lors rendu de cette manière, ni anarchie ni despotisme, " la création d'une justice faite par les hommes pour les hommes" est un peu le message que par delà les siècles voulait faire passer Eschyle.

La mise en scène proposé par David Gery allie modernité et aspects contemporains de manière dosée et subtile et l'antique devient presque familier, l'histoire grecque revient à notre esprit rapidement, expliqué de manière simple et limpide; le texte est là pour s'assurer de cette force, de cette vitalité qui lui est propre, la densité du propos et des enjeux sousjacents renforce d'autant plus le discours. J'avais lu il y a longtemps maintenant Eschyle ou l'éternel perdant par Ismail Kadaré, je vais essayer de voir s'il n'y a pas d'autres écrits intéressant sur cette homme qui déjà dans les années 500 avant Jésus-christ avait compris nombre des enjeux à la fois sociétal et politique propre au monde des hommes.

Emporté par une troupe multiple et variée alliant jeunesse et expérience, j'ai été sous le charme de Clytemnestre, d'Egiste, d'Appolon et surtout d'Orete qui par sa gestuelle et son jeu complexe dans un rôle des plus difficile réalise une très belle performance mais il ne faut pasoublir le reste de la troupe avec  Maurice Bénichou, Bruno Blairet, Mounya Boudiaf, Célia Catalifo, Caroline Chaniolleau, Yann Collette, Sylvain Dieuaide, Sarah Gautré, Laëtitia Guédon, Ivan Hérisson, Arthur Igual, Keren Marciano, Véronique Sacri, LouWenzel et Alexandre Zeff. On notera également, " la scénographie de Jean Haas [qui] fait déplacer les personnages devant deux lourdes portes simulant la pierre qui s'ouvrent, se ferment, dissimulent le palais, la ville ou ses faubourgs" très sobre et réussie.

Pour ceux qui ont un  peu de temps, lisez l'Orestie, en achetant le livre ou en lisant sur Google Books la version numérisée de l'oeuvre de De Aeschylus, Paul Mesnard en date de 1863.

Voilà, vous l'aurez compris, c'est une pièce à ne pas manquer, pour ceux qui ont une peu de temps, prenez le, elle ne se joue que jusqu'au 21 décembre prochain mais cela vaut vraiment la peine et sinon, il faut espérer qu'elle tourne en France pour que vous puissiez en profiter .

Pour plus de renseignements, le site internet du Théâtre de la Commune sur lequel vous pouvez voir une vidéo de la représentation.

Lire la suite