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Spectacles Herwann Perrin Spectacles Herwann Perrin

Le journal d'un disparu et le chateau de barbe bleue à l'Opéra Garnier


C'était la finale, la dernière donc vous ne pourrez plus en profiter pour cette fois-ci mais voilà, c'était sublime...

La première partie avec le journal d'un disparu (cycle de vingt-deux chants pour ténor, alto solo, voix de femmes et piano de Leoš Janácek), c'est vrai que c'était plutôt inégal et j'ai eu un peu de mal à rentrer dedans, cet homme enfermé dans la terre et émergeant avec la Tsigane de rouge vêtu et dévêtu qui s'empare de son âme, de son corps, elle est là tourneoyante et belle à en faire frémir de plaisir mais il manquait quelque chose, malgré les coprs ondulants vers le coeur, le centre et formant avec la lumière une composition singulière.

Il n'en demeure pas moins que la seconde partie tient au génie tant de par l'interprétation que par la mise en scène qui regorge de subtilités, de détails et de compositions toutes plus riches les unes que les autres.
Mise en abyme, utilisation de la vidéo des visages et de la surimpression avec des effets de lumières surgit d'un autre monde d'un chateau hanté , vision nyctalope dans ce noir Château de barbe-bleue qui au fil des minutes, des siècles va nous livrer ses secrets les plus inavouables, dont la noirceur devient de plus en plus rouge, les 7 portes portes de l'enfer ne sont pas loin et celle qui les franchira fera un séjour au pays des morts ; on ne revient pas du léthé (lac des morts).

L'Opera de Bartok est un de ces grands moments auquel on revient pour en découvrir toutes les subtilités et fouiller le substrat, une oeuvre de revenir dans laquelle on puise pour essayer d'enrichir son écoute et sa sensibilité car elle est une oeuvre par nature très différente et unique en son genre. On est loin de verdi ou de Mozart, très loin. C'est dans le mystère que l'on se trouve, dans les entrailles de Bartok, du chateau, de la condition de l'Homme et de la femme dont il est question, de l'Amour aussi, chaque porte devenant tour à tour un moment d'intensité inégalé devant lequel on redoute le mouvement d'ouverture de la porte et de l'insondable...

Voilà, un très beau moment à l'Opera garnier, l'Opera Garnier c'est également un endroit où l'on sent ressentir en nous la beauté des choses, un lieu de mémoire ou Chagall embellit notre vue et où la grandeur est là à chaque pas faisant...

Pour se rappeler l'histoire de barbe-bleue qui déjà enfants vous faisaient tressaillir, relisez Perrault et Ax. nous faisaient justement remarquer la version "machiste" de l'époque du conte avec la position dominante de l'Homme... les choses ont bien changé enfin changent de plus en plus bien heuresuement pour tous

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Don Giovanni à l'Opéra Bastille


Eh bien voilà, cela devait bien arriver une fois ou l'autre j'ai bien été déçu par cet opus...

Eh oui et malheureusement ce n'est pas la première fois avec Mozart, une version ultra moderne de la flûte enchantée m'avait également perdue... Enfin, ici, c'est plutôt un ensemble. La mise en scène moderne (sur le modèle du cinéaste autrichien Michael Haneke), on est en haut d'une tour qui pourrait se situer au milieu de la défense par exemple, c'est impressionnant mais cela ne rend pas pour Don Giovanni, qui irait imaginer une représentation de cette nature là. On reste dès lors encloisonné dans un univers de glace et de vitre où tous sont regroupés avec un malheureux balcon pour tout jeu de séduction... qui fait face à des tables en aluminium "chromé" sortant tout droit d'un petit fast-food bar... on est très loin de ce que je pouvais m'imaginer pour Don Giovanni.

Bon, si ce n'était que ça, ensuite les solistes ont certes été apprécié par l'ensemble de la salle, mais pas par moi, je dois dire que certains passages sont remarquables, je ne saurai pas vous les citer in extenso mais la beauté et la complétude émerveille cependant l'ensemble perd de son panache. j'avais constamment l'idée, sûrement saugrenue, qu'il ne s'agissait pas du texte original mais d'une adaptation par moments et que l'orchestre s'arrêtait de pleins feux au milieu d'un moment pour jouer quelques notes et enfin reprendre sur sa lancée le véritable opéra... Sentiment d'incomplétude mais également de hachage du jeu sans réelle continuité...

En plus, ils sont changé la fin... où sont les flammes de l'enfer qui lèche Don Giovanni....

Voilà après l'histoire est bien celle de Don Giovanni que l'on peut également retrouver sur Wikipedia pour parfaire ses connaissances et pour le reste, espérons que vous trouviez des avis plus positif ou peut être est-ce que j'étais habité par des sentiments à mille lieux de là et que je me suis laissé divaguer et happer mais en tout cas voilà...

Sinon, pour en savoir un peu plus sur cette belle oeuvre (Les Noces de Figaro en 1786, Don Giovanni en 1787, Così fan tutte en 1790 et la Flûte enchantée en 1791) précédent de peu la Révolution française, le petit livret de l'Opéra pourra vous donner quelques clés complémentaires...

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Le Cid au Théâtre de l'Ouest Parisien


Cela faisait une éternité que je n'étais pas allé voir un vrai classique bien ancré dans notre substrat intellectuel et enfantin où l'école nous donnait encore cette joie. Je n'avais que lu il y a bien longtemps cette pièce de Corneille, alors pourquoi pas l'envisager autrement, dans la version "flamboyante" proposée par Bérangère Jannelle, une metteur en scène d'à peine 29 ans qui va nous entraîner dans une version du Cid olé olé, enfin un peu entraînante aux couleurs rouge et Or avec en apéritif quelques douceurs pour se mettre déjà dans l'ambiance.

C'est vrai que du Cid, même si on ne le connaît pas ou que l'on ne l'a pas lu, vu, on en connaît maintes expressions qui nous sont parvenus par les canaux les plus, divers; qui n'a jamais entendus par exemple "ô rage ! ô désespoir !" ; "nous partîmes cinq cents..." ; "va, je ne te hais point". Aussi, on est finalement un peu en terrain connu ce qui ne gâche rien au contraire. Et si nos souvenirs de jeunesse nous indiquait une pièce rébarbative, la version mise en place au théâtre del'Ouest Parisien, "Amor", ne l'est aps du totu , au contraire. Elle est étonnante de vitalité et de vie; emmenés par une troupe de jeunes comédiens, on peut être un peu décontenancé au début mais très vite cette fraîcheur et l'angle d'attaque choisi parBérangère Jannelle permet de se fondre dans la pièce et d'entendre, de voir, les maures débarqués, la nuit des long couteaux et la lune éclairante, la tragédie dans sont plus bel état qui éclate et la figure torturée deChimène qui au coeur de cette tragédie est ébranlée, complètement déboussolée et en souffrance. Car dans cette mise en scène c'est bien autour d'elle que leCid tourne, sur le malheur qui l'atteint au plus profond de son âme et ou le dilemme règne en maître absolu, elle aime l'amant qui a tué son père, elle ne peut se résoudre à sa perte mais ne peut pas non plus l'aimer.

"Plutôt noces que montage, ces versions se croisent, se mêlent dans le spectacle pour former une version encore inédite, qui met à la fois en lumière la sensualité, la liberté, la fantaisie de la première version et l’amertume, la dureté de la dernière version qui voit triompher le politique alors qu’échoue le projet de mariage entre Rodrigue et Chimène".

Le roi est incarné par Cyril Anrep, qui joue un roi "plus drôle que tragique", un roi humain et qui est proche de nous, car au delà du texte en date de 1637 que Corneille remaniera indéfiniment jusqu'en 1682, c'est à la modernité d'un propos qu'il renvoie, à une interrogation sur notre époque où l'honneur perdu n'a plus le sens qu'il avait alors, interrogation sur notre rapport à la vie et à l'Amour

Amor !
Pour se réapproprier la forme,
jourer de l'héritage,
se souvenir des cadres etd es conventions
pour éprouver le plaisir et la liberté
de les secouer dans le présent
être impertinent autant qu'on est vivant

Raphaèle Bouchard dans le rôle de Chimène est très actuelle et belle de surcroît dans sa douleur la plus profonde avec Cathy verney dans le rôle d'un Elvire aux longues jambes rouges de temps à autres qui est cette confidente et cette voix de la raison de Chimène dont elle ne veut pas entendre; le Cid est de blanc vêtu, contrasté et taché par le sang qu'il a versé, il demande réparation à sa raison de vivre, Amour impossible ou improbable, il fera tout pour qu'elle puisse à nouveau le regarder sans honte et sans faiblesse et puis quelques autres dont on suivra avec grand plaisir les avancées sur les planches à venir...

Regarder la vidéo sur les coulisses du Cid proposée par le Théâtre de l'Ouest Parisien et une rencontre avec l'équipe de Radio France et de l'autre Cid donné en ce moment au théâtre de gennevilliers

En tout cas un très bon moment à passer en leur compagnie

Théâtre de l'Ouest Parisien
Jusqu'au 3 février 2007 puis en tournée
Boulogne Billancourt, 1 place Bertrand Palissy
92100 Boulogne Billancourt
Horaires : du mardi au samedi à 20h30 et le dimanche à 16h
Prix : 25€
Réservations : 01 46 03 60 44

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Barcelone Amsterdam au Mélo d'Amélie

Allez hop on se dépêche, hier c'était le 550ème représentations et il n'en reste plus que 2, c'est peu mais c'est encore faisable alors on prend une place, bon marché, ce qui ne gâche rien avec Billet reduc et on y va tranquillement.
Une petite heure et demie de voyages avec 2 comédiens en partance de Barcelone vers Amsterdam, histoire d'une rencontre entre un Homme, une Femme, entre Hervé Charmant et Mathilde, Solange, que va t-il se passer, dans cet ouverture de voie de 2000km qui les séparent d'une destination commune, lui le voyageur attachant taxidermiste de présence... et elle, romancière et épicurienne de la vie à la robe rouge.

Entre séduction et amusement, le rire est en tout cas bien au rendez-vous

Est-ce un rêve ou une invitation au voyage, à la découverte de soi et des autres et à la séduction qui vous attend lors de votre prochain départ, c'est un peu tout cela qui vous est narré par cette paire d'acteurs emmenée par Marlène Noël et Philippe Elno

LE MELO D'AMELIE
4 rue Marie Stuart
75002 PARIS
Location : 01 40 26 11

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Coppelia, una ballet de Patrice Bart à l'Opéra Bastille


Cette relecture de Coppelia par Patrice Bart a vu le jour en 1996... Au départ, si l'on en croit l'historique, c'est l'héritage d'Hoffmann et de sa nouvelle l'homme au sable de 1816 qui sont à l'origine de l'oeuvre, une histoire à la limite un peu flippante dans laquelle "Nathanaël est victime d'hallucinations qui le pousseront à tomber amoureux d'une automate, Olympia"

Cela faisait un petit moment que je n'avais pas vu un ballet, celui diffère quelque peu des ballets que j'avais déjà eu l'occasion de voir mais je dois dire que le résultat est virevoltant de mille feux, la danseuse principale excelle au delà de ce qui imaginable et humainement possible, c'est la virtuosité et la grâce qui ont rendez-vous ici en ces lieux magiques entre fées dansantes et automates, c'est une interrogation sur la vie qui se dessine. L'envolée des milles et un pas est tout simplement héritage divin qui fait d'ailleurs dire au journaliste du Monde : "Cette tension nerveuse entre les personnages est accentuée par une chorégraphie d'une complexité technique à tomber littéralement. Implacable, la partition additionne les pas, les tricote à l'endroit à l'envers, de droite à gauche, à toute allure, sans laisser aux danseurs le temps de se retourner. Coppélia devient un précis de virtuosité classique dont on observe les ravages sur le visage des interprètes". Avec un final ou la lumière jaillit et illumine la scène, c'est d'une beauté renversante et on ne peut qu'être subjuguer par tant de talent, se lever et applaudir, applaudir et applaudir encore.

Entre l'inanimée imitateur de vie et la vraie vie il n'y a qu'un fil que Patrice Bart nous invite à découvrir avec lui. Le rêve de donner la vie a traversé depuis depuis longtemps notre histoire, il est toujours aussi palpable et d'actualité aujourd'hui...

A Genève également est donné en ce moment un version autrement différente de Coppelia par Cisco Aznar : "Il fallait oser. Le chorégraphe Cisco Aznar l'a fait. L'héroïne de sa version de Coppélia n'a rien d'une jolie poupée aux yeux d'émail comme le veut la légende. C'est un laideron aux cheveux rouges, couturée de partout, les orbites à peine cicatrisées, une créature de savant fou qui ne connaît pas l'art des finitions. Cette mutante séduit néanmoins jusqu'à la folie tous les hommes, dont le jeune Frantz" (Le Monde, 22 décembre 2006).


Cela me rappelle également cette très belle bande dessinée en trois tomes Fée et tendres automates qui conte l'histoire de la quête de la vie pour un automate fée, aimée de toute éternité par son alter ego Jam. A découvrir pour les amateurs de bandes dessinées, un très bel opus

Une petite vidéo du spectacle pour vous donner une idée de la représentation donnée à l'Opéra Bastille.

A lire avant d'aller voir la représentation, c'est un peu l'histoire des évolutions de Copellia depuis sa création le 25 mai 1870.

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